Mésopotamie
Assyrie

La religion assyrienne

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Le dieu Hadad.

Un grand nombre de textes traitant de la religion assyrienne ont été retrouvé surtout dans les palais, la religion populaire est nettement moins bien connue.
Toutefois la religion n’exerçait pas sur cette civilisation militaire une influence aussi exclusive que chez ses voisins et ennemis. La crainte des dieux est le fondement même de la religion. La violation du devoir religieux entraîne un châtiment et même la mort des coupables. La vertu de religion est récompensée par une longue vie en ce monde.

Le panthéon assyrien s’inspire des antiques traditions de Babylone, sauf qu’à sa tête se trouvait le dieu national Assour. Les dieux Sîn, Shamash, Hadad, Nabou, Inourta, Nergal, Nouskou sont les plus souvent mentionnés dans les textes. Une place très importante était réservée à Ishtar. Les Assyriens pensaient que Sîn et Shamash étaient très proche l’un de l’autre en raison de leur symbolisme astral. Puisqu’à la pleine lune le soleil et la lune ont une forme presque identique, Sîn et Shamash étaient adorés dans un même temple à Assour et à Dûr-Sharrukin. Le sanctuaire était formé de deux parties presque identiques, dédiées chacune à l’un des deux dieux. A Assour, les deux parties étaient non seulement identiques, mais elles se faisaient face, symbolisant ainsi le phénomène de l’opposition astrale au moment de la pleine lune.

Comme en Babylonie, le culte divin se compose de prières
publiques ou privées, d’offrandes, de sacrifices. Ces offrandes aux dieux sont extrêmement variées. Au retour de chaque campagne, le roi leur attribue une partie du butin pour l’entretien ou la restauration de leurs sanctuaires, l’enrichissement de leur trésor. La religion et la magie ne se distinguent pas nettement l’une de l’autre. Le clergé assyrien se divisait ainsi en exorcistes, devins et chantres. Les temples assyriens sont construits sur le modèle des sanctuaires suméro-akkadiens, parfois s’élève une ziggourat.

Orthostate du palais nord-ouest d’Ashurnasirpal II à Nimrud.

Le cosmos tout entier était perçu comme le résultat de l’activité créatrice des dieux, et l’on croyait que son évolution passée et actuelle dépendait de la volonté divine. Les dieux attendaient des hommes un comportement moral et cultuel correct, qui serait récompensé par l’octroi d’avantages matériels et moraux au cours de leur vie terrestre, puisque la vie post-mortem n’avait pas d’importance. Néanmoins, on considérait que l’homme était responsable de ses choix moraux ; cela signifiait que le péché devait être sévèrement puni par les dieux au cours de la vie terrestre et qu’il ne pouvait s’expier que par les sacrifices et la prière.

© Photo R.M.N
Bas-relief du palais de Nimrud : génie agenouillé.

Les Assyriens considéraient en effet que les phénomènes célestes et naturels étaient des signes de l’attitude et de l’action futures des dieux que l’on pouvait interpréter grâce à des techniques divinatoires. De cette façon, la menace de punition résultant de péchés tant délibérés qu’involontaires pouvait être détournée au moyen de rites, de prières ou d’expiations appropriées.

Les génies ailés sont des dieux mineurs. Ils sont représentés comme des êtres hybrides, mi-humain mi animal , dotés généralement deux ailes (parfois quatre) d’une tête humaine ou d’oiseau (aigle), avec deux jambes ou une queue de poisson. Ils sont vêtus d’une robe du même type que celles que portent les rois. Dans la main droite, ils tiennent très souvent un cône et un petit panier dans la gauche. Ce petit cône ressemblant à la fleur mâle du dattier et les génies ailés étant souvent représentés devant un arbre de vie, cela suggèrerait qu’on leur attribuait un rôle dans la fertilisation des plantes. Parfois, les génies tiennent en mains une masse, des fleurs ou des animaux.D’une manière plus générale, on leur accorde un rôle de protecteur, d’où leur présence répétée à proximité des portes de palais et à côté des représentations royales, en particulier sur les murs de la salle du trône d’Ashurnazirpal.

Assur

On ne lui prêtait aucune caractéristique ni qualité spécifique, et il n’était même pas identifié à un quelconque phénomène naturel comme la plupart des dieux mésopotamiens. On ne lui attribuait aucun pouvoir particulier sur l’âme ou le corps. Assour était le roi des dieux, le dieu des rois et par conséquent de tous les sujets assyriens.

© Jean Savaton
Stèle d’Ashunazirpal II : la tête du roi est entourée des symboles divins (orthostatz de Nimrud - British Museum - WA 124552)

Dieu suprême des Assyriens

Le nom d’Assur était écrit au Ier millénaire avec les signes cunéiformes « An » et « Shar ». Le signe « An » signifiant « le dieu », tandis que le signe « Shar » est l’expression symbolique de l’infini : Asshar est donc « le dieu (de la) totalité », créateur du ciel d’Anou et des lieux infernaux. Comme Mardouk pour les Babyloniens, il est aussi créateur de l’humanité. On le représente armé d’un arc tendu et prêt à décocher une flèche, au milieu d’un disque ailé, emprunté à la symbolique des Hittites. Ishtar est son épouse. Assur fut à l’origine une divinité de la nature, avant de s’identifier pleinement à la ville à laquelle il donne son nom puis à l’Assyrie toute entière. C’est naturellement dans la capitale religieuse que se trouvait le temple du dieu, l’Esharra, régulièrement restauré et entretenu par les souverains.

Dieu des rois

Stèle de Ninive représentant le roi Adad-Nirari III entouré des symboles divins.

La cérémonie du couronnement se déroule dans le temple du dieu, aux cris de « Assur est roi » : le nouveau souverain y reçoit explicitement du dieu l’ordre « d’élargir les frontières du pays ». Suivant une tradition qui remonte au moins à la seconde moitié du IIe millénaire, le roi d’Assyrie est le grand prêtre du dieu Assur, son « vicaire » pour l’exercice du pouvoir suprême dans le pays. Le roi agissait en son nom (comme son prêtre ou son représentant sur la terre), les traités nationaux étaient signés en son nom, et les citoyens assyriens juraient fidélité au roi en son nom.

La plupart des souverains du Ier millénaire inclut le nom d’Assur dans leur nom royal, tels Assur-nazirpal, Assur-nirari, Assur-dan, Assur-ah-iddin, Assurbanipal, et jusqu’au dernier roi d’Assyrie, Assur-uballit II. Sous Assurbanipal, le roi se rattache même généalogiquement à Assur.

Chaque année, le roi se rendait au temple d’Assour pour célébrer solennellement sa fête. Liée au début de la nouvelle année, elle symbolisait le renouveau perpétuel de la création de l’ordre (céleste et mondial) décrété par les dieux aux premiers temps. Ce rite solennel permettait de consacrer les règles sociales et morales ainsi que les relations spéciales unissant le roi assyrien et sa nation au dieu national.

Dieu de la suprématie assyrienne

Palais de Sennachérib à Ninive : détail d’un bas-relief figurant des déportés Chaldéens.

Assur est un dieu guerrier. La tâche de son serviteur, le roi, est de faire reconnaître sa gloire par les autres nations. L’ennemi, qui ne reconnaissait pas sa souveraineté divine, était détruit et anéanti sur ses ordres. Cette reconnaissance passant par une soumission politique, puis par l’intégration dans l’empire assyrien à partir du VIIe siècle. Au retour de sa campagne, le roi venait rendre grâce à Assur, lui offrir la part la plus précieuse du butin et lui faire un rapport écrit, dont le texte était lu au peuple assemblé, puis pieusement déposé dans le temple.

A la différence des grandes divinités sumériennes ou babyloniennes, Assur n’avait pas de « famille divine » ; on lui donna comme épouse la déesse Mullissu, épouse traditionnelle d’Enlil. Et certains aspects de la figure d’Enlil furent désormais attribués à Assur. Plusieurs textes mythologiques furent ainsi arrangés pour servir de support à la prééminence du culte royal officiel. à€ partir du règne de Sennachérib, certains lettrés cherchèrent à substituer Assur à Mardouk, en élaborant une « version assyrienne » de l’Epopée de la Création, le grand texte qui servait de fondement théologique à la prééminence du dieu de Babylone.

Les royaumes conquis ont toujours gardé leurs panthéons propres, tout en étant tenus de reconnaître la prééminence d’Assur. Mais le culte d’Assur resta cantonné à l’Assyrie et aucun temple dans les pays conquis, ne fut réaménagé pour devenir un sanctuaire de ce dieu.


 




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  Dernière mise à jour : 27 octobre 2008
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