Mésopotamie |
Assyrie |
Ninive fut l’une des villes les plus anciennes et les plus importantes de l’Assyrie antique. Autrefois sur le Tigre, elle se trouve aujourd’hui à un kilomètre environ à l’est du fleuve, juste en face de la ville moderne de Mossoul, dans le nord de l’Iraq. Entourée de terres riches et bien irriguées, elle était située près d’un gué sur le Tigre très fréquenté dans l’Antiquité, ce qui lui permettait de contrôler les principales routes commerciales qui partaient dans toutes les directions. La partie la plus ancienne de la ville est le grand tell de Kouyoundjik, de 40 ha environ, qui se dresse à l’ancienne confluence du Tigre et du Khosr. Par la suite, le tell de Nebi Younous, plus petit (15 ha environ), à 1 km vers le sud, fut intégré dans la zone urbaine. Seul le tell de Kouyoundjik a été fouillé.
La fouille stratigraphique a révélé que Ninive fut une des plus anciennes villes de Mésopotamie : son existence remonte à la protohistoire (Ve et IVe millénaires av. J.-C.). La première mention écrite de la cité est beaucoup plus tardive (XXIe siècle av. J.-C.). On la trouve sur une tablette cunéiforme, recueillie sur le site de Kultepe, gravée sous la forme d’un poisson dessiné au milieu d’une ville, allusion à la déesse Nina dont c’était l’emblème. Ninive était vouée à Ishtar, déesse de l’amour et des batailles. Dans la Genèse, la fondation de Ninive est attribuée à Nemrod.
Ninive se développa considérablement sous le règne de Sennachérib qui en fit la capitale de son empire, rang qu’elle conservera jusqu’à sa chute en 612 sous les coups de la coalition des Mèdes et des Babyloniens. Plusieurs palais furent découverts au cours des fouilles : l’un, au nord, construit par Assurbanipal, l’autre, au sud, résidence de Sennachérib. Des éléments architecturaux attribués entre autres à Salmanasar Ier, Teglath-Phalazar Ier, Adad-nirari II, Assurnazirpal II ou Tukulti-Ninurta II attestent du rôle jouée par la cité durant toute la dynastie. Selon Strabon, Ninive était plus grande que Babylone.
Sous le règne de Sennachérib et de ses successeurs, Ninive fut la résidence officielle de la famille royale ainsi que le centre politique et administratif de l’empire néo-assyrien.
Le roi, le prince héritier et leur famille résidaient dans différents palais. Si l’entourage du roi, la cour, ainsi qu’un groupe important de fonctionnaires qui constituaient le gouvernement, travaillaient dans ces palais et dans d’autres bâtiments publics, tous en revanche habitaient des maisons situées aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des murailles énormes qui entouraient la ville. Les archéologues ont estimé que la population de Ninive a pu atteindre 174.000 personnes.
Ninive devint une importante métropole cosmopolite, une sorte de creuset brillant pour les représentants des différentes élites nationales qui participaient, avec l’aristocratie assyrienne, au gouvernement de l’empire. Dans ses palais s’entassaient les richesses pillées chez les nations asservies.
Le Palais du Sud-Ouest comprenait une salle du Trône, précédée d’une cour, une suite royale, deux cours intérieures entourées des salles de réception typiques, et un ensemble de salles de plan incertain faisant face à la terrasse sud-ouest. Dans la partie ouest, il y avait un ensemble de petites pièces à usage domestique, et au-delà , une salle de réception qu’une inscription a permis d’identifier comme étant la résidence de la reine favorite de Sennachérib.
L’ensemble le plus connu des reliefs néo-assyriens se trouvait dans le palais de Sennachérib. Layard calcula qu’il y avait découvert plus de 3000 mètres de reliefs muraux (orthostates ). Quelques-uns d’entre eux remontent au règne d’Assourbanipal et peut-être à l’un de ses successeurs, mais la plupart sont de Sennachérib. Comme dans les palais d’Assournazirpal II à Nimroud et de Sargon II à Khorsabad, seules les salles se trouvant dans et autour des principaux appartements de réception étaient décorés de reliefs muraux, mais le nombre de salles comme celles-là était beaucoup plus important dans le palais de Sennachérib (près de 70).
Sur 38 salles dont le thème des reliefs muraux est connu, 35 racontent les trois premières campagnes de Sennachérib (Babylonie, monts Zagros et pays du Levant) car Sennachérib entreprit la construction de son palais au début de son règne. La provenance des matériaux de construction du palais est représentée dans deux salles : on y voit l’extraction et le transport terrestre des taureaux androcéphales et le transport par voie d’eau d’une très grande pièce de bois ou de pierre.
Comme dans le palais de Sargon II, des paires de taureaux colossaux androcéphales à chacune des trois portes extérieures et en contrefort entre les portes accueillaient les visiteurs. Entre les taureaux-contreforts une figure humaine colossale, attribuée à Gilgamesh, étouffe un petit lion. L’espace entre les jambes des taureaux est rempli d’inscriptions diverses : long texte annalistique, comptes rendu de la construction du palais, récit historique sommaire, compte rendu succinct de la construction du palais, description détaillée du palais. Curieusement, les taureaux ont seulement quatre pattes, alors que leurs prédécesseurs en avaient cinq.
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