Arabie & Levant
Palmyre

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Palmyre est une ville noble par son site, par la richesse de son sol, par l’agrément de ses eaux. De tous côtés les étendues de sable entourent ses champs et elle est comme isolée du monde par la nature. [1].

Palmyre est, en effet, une grande palmeraie à mi-chemin entre l’Oronte et l’Euphrate, passage obligé du désert syrien. Véritable oasis au milieu de la steppe, la Palmyrène est une vaste plaine fertile et riche en sources. C’est à d’ailleurs à une abondante source chaude et sulfureuse, qui sort du Djebel Muntâr, appelée Efqa, que l’oasis de Palmyre doit son existence. Le nom même de Tadmor ou Palmyre traduit en syriaque et en latin, l’abondance de palmiers qui constituent l’oasis de Palmyre.

Comme pour Carthage, Pétra ou Alexandrie, la rivalité de Palmyre avec Rome causa sa perte mais la fit accéder en même temps au rang d’un mythe.

© Jean Savaton

Le site est occupé dès la préhistoire. L’Histoire ne nous a laissé aucune trace de la fondation de Palmyre et l’on sait seulement qu’elle existait au deuxième millénaire avant notre ère : connue sous le nom araméen de Tadmor, la cité des dattes, la ville est mentionnée dans une tablette du XIXe siècle av. J.-C. retrouvée à Kà¼ltepe, l’antique Kanish, en Cappadoce. Ses habitants sont des Amorrhéens, ce que confirme deux lettres cunéiformes des archives de Mari un siècle plus tard à l’époque d’Hammourabi.

Au début du XIe siècle av. J.-C., les Annales du règne de Téglat-Phalasar mentionnent un « Tadmar au pays d’Amurru » à l’occasion d’un raid entrepris contre les Araméens et des tribus arabes semi-nomades qui s’y étaient installés. Dans le livre des Rois (I,9,17), on peut lire que Salomon avait fondé « Tadmor dans le désert » mais il y a confusion avec « Tamar dans le désert », près de la Mer Morte.

© Jean Savaton

Palmyre fut, dès l’abord, et pendant des siècles, la halte où les caravaniers s’arrêtaient et prenaient quelque repos avant de continuer leur voyage. Puis les nomades prirent l’habitude de se retrouver là et d’y troquer leur bétail et leurs rares marchandises (laines, peaux) contre des armes, des tissus, des épices. Plus tard ils y entreposèrent leurs marchandises et la ville perdue au milieu des déserts d’Arabie ne tarda pas à attirer à elle toute une population de négociants, d’artisans et de boutiquiers.

A cette époque « la population de Tadmor paraît comprendre un assez grand nombre de tribus, dont chacune se réclame d’un ancêtre, réel ou mythique. Tout Palmyrénéen ajoute en règle générale à son nom celui de sa tribu, comme ceux de son père et de son grand-père paternel. Une vingtaine de noms de ces tribus sont parvenus à notre connaissance. Il semble que nous ayons affaire à une poussière de clans. La persistance avec laquelle les Palmyrénéens du premier siècle se réclament de leur tribu montre combien puissante encore était l’autorité et le prestige de ces groupements, héritage de la vie nomade.  » [2]

Un de ces goupes, celui des Benê Ma’zin, a fondé deux sanctuaires, celui du dieu Baal Shamin et celui de la déesse Allath. Les autres tribus connues portent plutôt des noms araméens. Fréquentée par les caravanes, la ville devient riche mais elle ne se développe vraiment qu’au Ier siècle av. J.-C. Jusqu’à la conquête romaine, la ville bénéficie de l’influence parthe tant politique qu’artistique.

La destruction de Palmyre

© Jean Savaton
Palmyre : les tombeaux tours.

Peu après le retour d’Aurélien en Europe, les habitants de Palmyre, à l’instigation d’un citoyen nommé Apsaeà¹s, se révoltèrent contre la garnison de 600 archers, commandée par un certain Sandarion, restée sur place après le siège. Apsaeà¹s tenta de pousser à la trahison Marcellinus, commandant militaire de la province d’Orient, en lui proposant de se proclamer empereur. Il lui offrit l’appui de Palmyre dont les habitants étaient prêts à lui verser de l’argent pour qu’il puisse acheter les quelques troupes nécessaires à cette entreprise.

Marcellinus avertit secrètement Aurélien de ce qui se tramait. Il gagna du temps en tergiversant avec les Palmyréniens. Mais ces derniers, las d’attendre qu’il se décidât, proclamèrent l’un des leurs, Antiochus, roi de Palmyre, et l’installèrent sur le trône vacant de la reine Zénobie. Comme un bolide, Aurélien revint en Asie et arriva si rapidement à Antioche qu’il précéda le bruit de son entrée, si peu attendue que les habitants qui étaient, selon leur habitude, au théâtre, se crurent victimes d’une nouvelle invasion.

© Jean Savaton
Steppe autour de Palmyre.

Sans donner un seul jour de repos à ses légions, Aurélien traversa le désert avec une si grande célérité qu’il surprit Palmyre avant même qu’elle eût eu le temps de se mettre en état de défense.

Ses soldats, pour venger leurs compagnons d’armes, massacrèrent une partie de la population. L’autre fut réduite en esclavage. Tout ce qui avait de la valeur fut volé. Huit jours durant, les soldats, livrés à leurs instincts, saccagèrent les maisons particulières, les palais, les édifices publics, les églises, les synagogues et les temples. Pas un quartier de l’admirable cité ne fut épargné. Les oasis qui entouraient Palmyre furent incendiées, les prêtres égorgés dans leurs sanctuaires, et la plupart des tours funéraires abattues. Rien ne put calmer la fureur des soldats, à tel point qu’Aurélien finit par s’émouvoir du sort de la ville infortunée.

Il écrivit la lettre suivante à l’un de ses familiers, au lendemain de ce désastre : « Il ne faut pas que mes soldats fassent plus longtemps usage de leurs glaives. Je crains que la gloire de Rome ne soit atteinte et mon nom l’objet des imprécations de la postérité. L’une des plus prospères cités de l’Orient vient d’être détruite et j’ai été impuissant à retenir mes légions. Mes soldats, si valeureux sur tant de champs de bataille, viennent de se couvrir de honte. C’est trop de victimes à Palmyre. Dans notre fureur, nous n’avons pas même fait grâce aux mères, aux enfants, aux vieillards. A qui donc laisserons-nous les champs et ce qu’il reste de la ville ? Je crois que le bien petit nombre d’habitants qui ont pu fuir ou échapper à la mort a été suffisamment éprouvé à la vue des supplices qui ont fait périr une si incroyable quantité de leurs compatriotes. Le temple du Soleil a été pillé par les aquilifères de la troisième légion. Je veux qu’il soit rétabli en son état primitif. Vous possédez trois cents livres d’or prélevées sur les biens personnels de Zénobie et deux mille livres d’argent trouvées dans les demeures des Palmyrénéens. Je veux que cet argent soit consacré à reconstruire le temple du Soleil. Nous rendrons ainsi hommage à nos dieux immortels.  »

Même si quelques survivants tenteront de rebêtir la ville, celle-ci ne se relèvera jamais de ses ruines.

© Jean Savaton
Forteresse arabe.

La conquête arabe

La ville est conquise par les musulmans en 634. Un violent séisme la ravage complètement en 1089. Palmyre ne reprend de l’importance qu’au début XIIe sous le règne des Seljouquides. Plusieurs restaurations datent de cette époque. Au début du XIVe, Ibn Fadl Allâh al-Omari signale de splendides maisons et jardins à Palmyre où le commerce est prospère. Les armées de Tamerlan pillent la ville en 1401. On attribue à l’Emir Fakr el-Din la forteresse qui domine la ville depuis son piton rocheux. Toutefois, la ville tombe dans l’oubli à l’époque ottomane.


[1PLINE l’ANCIEN, Histoire naturelle V,88

[2J.-G. FEVRIER, Essai sur l’histoire politique et économique de Palmyre.

 


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  Dernière mise à jour : 6 mai 2007
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