Arabie & Levant
Palmyre

La redécouverte

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Jusqu’au XVIIe siècle, on ignora à peu près complètement l’existence des ruines de Palmyre et leur emplacement précis. Des négociants anglais établis à Alep, informé des récits colportés par les nomades, décidèrent en 1678 de s’y rendre. Victimes des nomades qui les dépouillèrent en chemin, ils ne réussirent à atteindre Palmyre qu’en 1691. La relation de cette importante découverte fut publiée par Halifax dans les Philosophical Transactions of London, en octobre 1695. En voici un extrait :

"Nous partîmes d’Alep le jour de la Saint-Michel 1691, et nous arrivâmes à Tadmor, après six journées de chemin, par un pays assez désert. Nous tenions toujours notre route au midi, en tournant un peu vers l’orient. En entrant dans la ville nous aperçûmes un château ; il était éloigné de Tadmor d’environ une demi-lieue, et tellement bien placé qu’il commande en même temps et le chemin des montagnes par lequel nous entrâmes dans ville et la ville même. C’est un bâtiment où il paraît plus de travail que d’art. Sa seule assiette peut le rendre imprenable, puisqu’il est sur le sommet d’une haute montagne, environnée d’un fossé profond taillé dans le roc même, sur lequel il n’y avait qu’un passage par le moyen d’un pont-levis. Comme ce pont est rompu, il n’y a plus d’endroit par où on puisse entrer, à moins qu’on eût envie de monter avec beaucoup de difficulté le long de la roche, ce qu’on ne peut faire que par un endroit, mais avec tant de peine et de danger que le moindre faux pas est capable de faire perdre la vie. Aussi n’y a-t-il rien qui exige autant de peine pour l’aller voir. Le bâtiment est irrégulier et les appartements sans aucune symétrie.

En haut de la montagne, il y a une source d’une hauteur prodigieuse ; et en effet il y a beaucoup de chemin à faire de la montagne jusqu’à l’eau. Le fossé qui l’environne est tout sec et sans eau. Aussi fûmes-nous surpris d’en voir sortir un ours se jeta entre nos chevaux. Ce château est au nord de la ville, et de là on a la plus belle vue qui soit dans tout ce pays-là . On voit Tadmor dans le fond, enfermé de trois côtés par une chaîne de montagnes, qui, allant insensiblement en montant, s’étendent vers l’orient environ une heure de chemin ; mais du côté du midi il y a une plaine toute unie tant que la vue se peut étendre. Il y a dans cette plaine une grande vallée de sel, on en tire beaucoup ; elle est environ à une lieue de la ville, et c’est vraisemblablement cette vallée de sel dont il est parlé ( II Samuel, 10, 13) où David défit dix-huit mille Syriens. L’air est bon, mais la terre y est extraordinairement sèche : on n’y voit point de verdure, excepté quelques palmiers, qui sont dans les jardins et autour de la ville ; et c’est de ces arbres que la ville a pris en hébreu son nom de Tadmor, qui signifie palmier, comme en latin elle a eu celui de Palmyra ; de là toute la contrée s’appelait Syria Palmyrena, et quelquefois Solitudines Palmyrenae.

La ville même paraît avoir été d’une très grande étendue, mais il n’est pas possible de juger quel fut autrefois le plan de la ville. Comme ses habitants d’aujourd’hui sont pauvres et malpropres, ils se sont enfermés, au nombre de trente ou quarante familles, dans quelques huttes en terre glaise, entre les murailles d’une grande place, dans l’enceinte desquelles il subsiste un très beau temple païen, nommé temple de Baal, que Jéhu fit démolir et qu’il convertit en latrines."

En 1751, Dawkins et Wood se décidaient à faire le difficile voyage de Palmyre, et Wood, en publiant à son retour à Londres son livre célèbre Les ruines de Palmyre, mettait, pour la première fois, à la disposition des archéologues treize inscriptions, correctement copiées et traduites un an plus tard par l’abbé Barthélemy, de Paris, et Swinton, de Londres, qui découvraient tous les deux en même temps la clé de l’alphabet de Palmyre. Mais il fallut attendre la seconde moitié du dix-neuvième siècle et les deux importants ouvrages de MM. de Voguà« et Waddington qui rapportèrent de nombreux travaux épigraphiques, et surtout le vingtième siècle pour retrouver les éléments de la vieille civilisation de Palmyre. Les premières fouilles archéologiques ne débutèrent qu’en 1924 sous le mandat français.


 




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  Dernière mise à jour : 25 mars 2006
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