Iran ancien |
Sassanides |
Mani est né le 14 avril 216 (8 nisan 527 de l’ère séleucide) en Babylonie, dans un lieu proche de Séleucie-Ctésiphon. Son père, Pateg, appartenait à la secte des elkhasaïtes, adeptes de la doctrine répandue vers l’année 100, par le prophète Alkhasaï. A l’âge de 4 ans, Mani reçoit la visite d’un ange. Désormais, il calquera sa vie sur celle de Jésus. Il a une nouvelle apparition à l’âge de 12 puis à l’âge de 24 ans où il reçoit comme mission de prêcher la vraie religion. Il quitte alors sa communauté pour pratiquer cet apostolat, sans grand succès semble-t-il.
En 250, il bénéficie d’une entrevue avec le roi Sapor Ier. Ce dernier comprend rapidement l’intérêt de cette nouvelle religion propre à permettre l’unité religieuse de son empire. Les premières communautés manichéennes apparaissent. Après plusieurs années d’apostolat facilité par la bienveillance de Shâpur Ier à son égard, la religion manichéenne s’est implantée dans tout l’Iran. Mais, sous le règne de Bahram Ier, le pouvoir passe peu à peu entre les mains de Kirdir (Kartir), disciple de la religion mazdéenne officielle. Mani est chassé de Ctésiphon. Il se réfugie dans le Khorassan (Afghanistan actuel) où il parvient à convertir quelques féodaux. Inquiet de ce succès, Bahram Ier convoque Mani à la cour et comparaît devant le roi auquel il reproche son obscurantisme. Jeté en prison, il meurt d’épuisement quelques jours après, âgé de 60 ans, vers 274-276. La tradition assimilera ensuite la passion de Mani à la crucifixion.
Durant sa vie, Manès écrivit beaucoup d’ouvrages, ornés d’enluminures figurant les vertus lumineuses et les puissances des ténèbres, écrit dans une langue qu’il avait créée et qui deviendra le sogdien.
Le manichéisme tire son nom de son fondateur, Mani, ou Manès. Pendant longtemps, la connaissance du manichéisme n’a reposé que sur des témoignages indirects, dus généralement à des adversaires, dont celui de saint Augustin. Ce sont les découvertes de documents faîtes au début du XXe siècle, dans la région de Tourfan, au nord-ouest du Turkestan chinois, ainsi qu’au Gansu, dans des grottes situées à vingt kilomètres au sud-est de Dunhuang et en Algérie, dans des grottes voisines de Tebessa, qui ont permis une meilleure connaissance de cette doctrine religieuse. Les documents de Tourfan étaient rédigés en trois dialectes iraniens (parthe, moyen-perse, sogdien), en ouïgour et en chinois ; ceux de Tebessa étaient rédigés en latin.
Mani se place dans le continuum des révélations précédentes, d’Adam à Noé, et proclame que l’espoir annoncé par Jésus en Occident, Zoroastre au « centre du monde » et Bouddha en Orient, s’est maintenant réalisé en lui. Cette théorie est développée dans le Shapu-ragan, premier ouvrage de Mani, dédié à Shâpur Ier, dans lequel il suggère que la domination politique de l’Iran serait facilitée par l’adoption d’une religion universaliste. C’est la volonté d’instaurer une religion universelle qui donne toute son importance à la doctrine de Mani.
La base de l’enseignement manichéen était le dualisme. Deux principes contraires et éternels constituent le fondement de l’univers : le bien et le mal, la lumière et les ténèbres. Dieu est le maître du premier, le démon celui du second. Leurs royaumes s’étendent à l’infini, le premier en hauteur et en profondeur dans les directions du nord, de l’est et de l’ouest ; le second en profondeur seulement dans la direction du sud.
La doctrine manichéenne regardait le mal comme existant de toute éternité. Les éléments (air, terre, feu) se dédoublaient en deux natures, une bonne et une mauvaise. Elle ne voit d’opposition irréductible qu’entre la lumière et les ténèbres. Elle rejette tout l’Ancien Testament, mais admet les
Evangiles et les Epîtres de Saint Paul. Le monde devait finir par un cataclysme en tombant dans les abîmes de l’enfer. Le bien et le mal demeureront séparés à jamais par une barrière infranchissable.
L’église manichéenne avait été constituée par son fondateur de la façon suivante. A sa tête se trouvait douze apôtres ou maîtres, puis soixante-douze disciples ou évêques, des prêtres, des diacres, des moines ou élus, enfin les simples fidèles appelés auditeurs. Ceux-ci se réunissaient tous les dimanches pour réciter des prières, chanter des hymnes et entendre la lecture des textes sacrés.
Le manichéisme se répandit rapidement au Moyen-Orient, en Égypte, au Tibet, en Chine et au Turkestan, où il est encore florissant au XIe siècle, ses adeptes s’étant réfugiés dans cette région face à la progression de l’islam. Le manichéisme se répandit aussi en Afrique du Nord ( Saint Augustin est, à l’origine, manichéen), en Arménie, en Dalmatie et en Espagne. En Occident, il gagne le sud de l’Italie, de la Gaule et l’Espagne. Son influence se fera encore sentir au travers de mouvements religieux comme celui des bogomiles au Xe siècle en Bulgarie, comme celui des vaudois en Italie ou au travers de l’hérésie cathare en France et en Espagne au XIIe siècle.
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