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Le terme dynastie a été inventé par Manéthon de Sébennytos, prêtre égyptien qui vécut à l’époque des deux premiers Ptolémées et qui écrivit en grec une chronique des rois et pharaons égyptiens appelée Aiguptiaka. Ce texte nous est connu sous une forme fragmentaire et remaniée, au travers des ré-élaborations plus tardives de l’historien juif Flavius Josèphe (Ier siècle apr. J.-C.), des chronographes chrétiens Sextus Julius Africanus (fin du IIIe siècle apr. J.-C.) et Eusèbe (début du IVe siècle apr. J.-C.), et, en dernier lieu, du chroniqueur byzantin Georges Monacos, également connu sous le nom de Syncelle (VIIIe-IXe siècle apr. J.-C.).
Le mot « dynastie », qui signifie « maison régnante », désigne un groupe de pharaons généralement unis par des liens de parenté. Des origines de l’État égyptien (vers 3100 av. J.-C.) jusqu’à la mort du dernier pharaon indigène, Nectanébo II (342 av. J.-C.), Manéthon répartit les pharaons égyptiens en trente dynasties. Un chronographe plus tardif leur ajouta une trente et unième dynastie, qui correspond à la période de la seconde domination perse, à laquelle mit fin l’arrivée d’Alexandre le Grand en Égypte (332 av. J.-C.). Les trente (ou trente et une) dynasties ont des durées variables, et le nombre des pharaons qui les composent diffère également (de un à une quinzaine). Au cours de certaines périodes, deux dynasties ont pu régner simultanément, l’une en Basse-Égypte, dans le nord du pays, l’autre en Haute-Égypte, dans le sud .
Néolithique | Badarian (vers 4400 à 3800 av. J.-C.) |
Epoque Prédynastique | Nagada Ier ou amratian (3900 à 3650) |
Nagada II (3650 à 3300) | |
Nagada III (3300 à 3050) | |
Dynastie 0 (vers 3000) | |
Roi Scorpion | |
Narmer | |
Epoque Protodynastique |
Ie dynastie (2920 à 2770) |
IIe dynastie (2770 à 2650) | |
IIIe dynastie (2650 à 2575) | |
Ancien Empire | IVe dynastie (2575 - 2465) |
Ve dynastie (2465 à 2323) | |
VIe dynastie (2323 à 2150) | |
Première Période Intermédiaire | VIIe dynastie (période de confusion) |
VIIIe dynastie (2150 à 2135) | |
IXe et Xe dynastie (2135 à 2040) | |
XIe dynastie (2135 à 1994) | |
Moyen Empire | XIIe dynastie (1994 à 1781) |
XIIIe dynastie (1781 à 1650) | |
XIVe dynastie (1710 à 1650) | |
Deuxième Période Intermédiaire | XVe dynastie (1650 à 1550) |
XVIe dynastie (1650 à 1550) | |
XVIIe dynastie (1650 à 1550) | |
Nouvel Empire | XVIIIe dynastie (1550 à 1291) |
XIXe dynastie (1291 à 1185) | |
XXe dynastie (1187 à 1075) | |
Troisième Période Intermédiaire | XXIe dynastie (1075 à 945) |
XXIIe dynastie (945 à 718) | |
XXIIIe dynastie (820 à 718) | |
XXIVe dynastie (730 à 712) | |
XXVe dynastie (775 à 653) | |
Basse Epoque | XXVIe dynastie (664 à 525) |
XXVIIe dynastie (525 à 404) | |
XXVIIIe dynastie (404 à 399) | |
XXIXe dynastie (399 à 380) | |
XXXe dynastie (380 à 342) | |
XXXIe dynastie (342 à 332) | |
Epoque Gréco-Romaine | Dynastie lagide (332 à 305) |
Empire Romain |
On entend par époque prédynastique la longue période de formation de la civilisation égyptienne, depuis l’apparition de l’homme sur les rives du Nil jusqu’à la constitution d’un État unitaire placé sous l’autorité d’un pharaon, à l’aube de la Ire dynastie. Elle inclut les différentes cultures entre lesquelles se partage le néolithique égyptien et se subdivise elle-même en Prédynastique ancien (vers 5500-3800 av. J.-C.), Prédynastique récent (vers 3800-3500 av. J.-C.) et Protodynastique (vers 3500-3100 av. J.-C.).
A partir d’une situation de villages dispersés et grâce à un processus d’intégrations toujours plus importantes se constituèrent deux États, l’un correspondant au delta du Nil (Basse-Égypte), l’autre à sa vallée (Haute-Égypte). Le mouvement vers l’unité naquit de la nécessité de réguler de manière cohérente la crue du Nil pour exploiter ses bienfaits, dont dépendait la prospérité de l’agriculture, et donc la vie même du pays. L’unification se réalisa au travers d’un conflit qui connut sans doute plusieurs étapes et auquel mit fin un souverain du Sud, Narmer, ou, plus probablement, son successeur Aha (le combattant). Peut-être est-il possible d’identifier Aha à ce Ménès en qui les sources égyptiennes postérieures, et les textes classiques, voient le fondateur de la Ire dynastie, qui inaugura l’époque appelée thinite.
Correspondant à la Ire et à la IIe dynastie, l’époque thinite (vers 3100-2700 av. J.-C.) tire son nom de la capitale du pays, This, dont la nécropole était Abydos. Toutefois, les souverains résidaient aussi au nord, à Memphis, ville dont la fondation est attribuée au pharaon Ménès, l’artisan de l’unification de l’Égypte et son premier souverain. C’est de cette époque que datent la définition des fondements du pouvoir du pharaon, l’affirmation de sa nature divine et, selon toute probabilité, la division administrative de l’Égypte en nomes.
Des expéditions à vocation essentiellement commerciale partirent vers l’Asie et la Nubie, le processus de développement de la religion et de l’écriture fut mené à son terme. La IIIe dynastie marque le début de l’Ancien Empire : l’Égypte entre alors dans l’une des phases les plus brillantes et les plus marquantes de son histoire.
Les égyptologues désignent du nom d’Ancien Empire la période qui s’étend de la IIIe à la VIe dynastie (vers 2700-2200 av. J.-C.). L’Égypte avait alors Memphis pour capitale. Les souverains de ces dynasties firent édifier leurs pyramides à Gizeh, à Saqqara, à Abou Sir, nécropoles qui accueillirent également les mastabas de leurs fonctionnaires.
Durant l’Ancien Empire, les caractères typiques de la civilisation des pharaons parvinrent à leur pleine maturité, et cette période constituera donc un point de référence constant et un modèle in-surpassé pour les Égyptiens des époques suivantes. L’Égypte reste alors encore fermée aux apports extérieurs, et ses relations avec les peuples voisins, attestées par les sources, consistent uniquement en échanges économiques.
L’Ancien Empire correspond à l’époque des grandes pyramides. Le début de la IIIe dynastie voit la réalisation du complexe funéraire de Djéser à Saqqara, avec sa pyramide à degrés, la plus ancienne d’Égypte, implantée au centre d’une vaste cour. Une série d’évolutions (Meïdoum, Dahshour) conduit ensuite aux pyramides construites à Gizeh par les pharaons de la IVe dynastie, Khéops, Khéphren et Mykérinos. Avec la Ve puis la VIe dynastie, les dimensions des pyramides se réduisent ; vers la fin de la VIe dynastie, une crise économique, politique et sociale de grande ampleur frappe progressivement l’État égyptien. à terme, elle provoquera notamment la désagrégation de l’État centralisé.
A la fin de l’Ancien Empire, l’État unitaire entra en crise, et son effondrement engendra toute une série de principats indépendants du pouvoir central. Cette période, qui coïncide avec les VIIe-Xe dynasties (vers 2180-1987 av. J.-C.), est appelée la Première Période Intermédiaire. Elle est marquée par une importante crise économique, due aux lacunes du contrôle centralisé de la crue du Nil, qui provoqua des récoltes insuffisantes, engendrant ainsi des conflits sociaux qui créèrent un climat général d’instabilité.
L’un des legs les plus significatifs de la Première Période Intermédiaire à l’époque qui allait suivre est la « démocratisation » de l’au-delà : dès lors, le pharaon ne sera plus le seul à avoir droit à une vie après la mort ; celle-ci s’ouvre à tout homme, si son âme est jugée pure devant le tribunal présidé par le dieu Osiris.
L’unification du pays fut réalisée par les princes de Thèbes qui fondèrent la XIe dynastie, donnant ainsi naissance au Moyen Empire qui couvre les XIe, XIIe et XIIIe dynasties (vers 2033-1710 av. J.-C.). La capitale de l’Égypte, d’abord située à Thèbes, fut transférée à Ity-Tawy (la « balance des Deux Terres »), près de Licht dans le Fayoum, au cours de la XIIe dynastie. La dépression marécageuse du Fayoum fit alors l’objet de vastes travaux de bonification, qui augmentèrent la surface des terres cultivables.
Si les souverains de la XIe dynastie se firent construire des tombes à saff dans le secteur occidental de Thèbes, les pharaons de la XIIe dynastie en revinrent aux usages de l’Ancien Empire : ils se firent édifier des pyramides près de leur capitale ainsi qu’à Illahoun et à Hawara, et les tombes des princes, princesses et fonctionnaires vinrent entourer leurs monuments funéraires.
Le Moyen Empire correspond à l’époque « classique » de l’Égypte ancienne : il a été marqué par l’œuvre de restauration énergique de l’État entreprise par les souverains de la XIIe dynastie (Amenemhat Ier, Sésostris Ier et leurs successeurs), par une grande prospérité économique et par une vaste production littéraire. Le début de la XXe dynastie vit la construction des « Murs du Prince », une ligne de fortins destinés à contrôler et à contenir les incursions des Bédouins à la limite orientale du delta.
Parallèlement, des expéditions furent menées en direction des carrières et des mines du désert oriental et du Sinaï, et l’influence égyptienne s’étendit au moins jusqu’à la Palestine et à la Syrie. En Nubie, une vigoureuse politique expansionniste permit, à l’époque de Sésostris III, de fixer la frontière méridionale de l’Égypte à Semneh, au sud de la deuxième cataracte du Nil. De là à Éléphantine, un système de forteresses protégeait les communications. Avec le début de la XIVe dynastie, l’État égyptien perd de son unité : c’est le début, pour l’Égypte, de la Deuxième Période intermédiaire.
Le Nouvel Empire (XVIIIe à XXe dynastie : vers 1550-1069 av. J.-C.) naît lorsque Ahmosis parvient à chasser les Hyksos d’Égypte et inaugure l’image du pharaon combattant, garant de l’unité du pays, mais aussi de la sécurité de ses frontières. La nécessité de contrôler directement ou indirectement la frange côtière syro-palestinienne et de ramener la Nubie sous la domination de l’État égyptien déclencha une vague de campagnes militaires qui culminèrent à l’époque de Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) : à sa mort, l’Empire égyptien s’étendait de l’Euphrate jusqu’au-delà de la quatrième cataracte du Nil.
Au cours de la XVIIIe dynastie, la capitale du pays était Thèbes, ce qui entraîna l’ascension inévitable, dans le panthéon égyptien, du dieu Amon, et la principale divinité de la ville devint dès lors la protection et le glaive du pharaon contre l’ennemi. Les butins des guerres se déversèrent sur le dieu et sur son clergé, se concrétisant entre autres par la construction, puis par l’agrandissement des deux grands temples thébains d’Amon, celui de Karnak et celui de Louqsor.
Le pharaon Aménophis IV s’opposa à ce pouvoir excessif du clergé thébain : devenu Akhénaton, il accorda sa faveur à une autre divinité, Aton, et déplaça la capitale de Thèbes à Akhétaton (« l’horizon d’Aton »), l’actuelle Tell el-Amarna. Mais cette tentative de restaurer les prérogatives de la maison régnante échoua en raison de la mort prématurée du souverain. La capitale fut ramenée à Thèbes. Au terme de cette phase d’expansionnisme, l’Égypte de la XVIIIe dynastie atteint une paix durable et un état de prospérité qu’elle n’avait jamais connus auparavant.
De nouveaux problèmes de politique internationale surgiront cependant au cours de l’époque suivante : il faudra que Ramsès II (XIXe dynastie) affronte les Hittites, que son fils Mérenptah s’oppose aux Libyens et, enfin, que Ramsès III (XXe dynastie) repousse la tentative d’invasion des Peuples de la Mer. Avec Ramsès II, la capitale avait été transférée à Pi-Ramsès (la « maison de Ramsès »), dans le delta oriental ; la main-d’œuvre d’origine syro-palestinienne employée à sa construction comprenait très probablement des juifs : l’Exode se situe en effet dans la période comprise entre le règne de Ramsès II et celui de son fils Mérenptah.
Avec la fin de la XXe dynastie commence pour l’Égypte la Troisième Période intermédiaire, qui s’étend de la XXIe à la XXIVe dynastie (vers 1069-664 av. J.-C.). Au cours de la XXIe dynastie, les souverains de Tanis, dans le delta, s’opposèrent aux grands prêtres d’Amon qui détenaient le pouvoir à Thèbes et dans les aires limitrophes.
Plus tard, les généraux libyens montèrent sur le trône, en fondant les XXIIe et XXIIIe dynasties, originaires de Bubastis et de Léontopolis, deux villes du delta. La XXIVe dynastie représente une brève parenthèse, illustrée par un seul pharaon, Bocchoris, qui régna depuis sa capitale Saïs, elle aussi située dans le delta.
La Basse Époque s’étend de la XXVIe à la XXXIe dynastie (664-332 av. J.-C.). Elle débute après l’invasion de l’Égypte par les souverains nubiens et les deux invasions assyriennes menées par Assarhaddon en 671 av. J.-C., puis par Assurbanipal en 663 av. J.-C.
La reconstruction du pays fut l’œuvre de Psammétique Ier, l’énergique fondateur de la XXVIe dynastie. Ses représentants régnèrent depuis Saïs, dans le delta, ville dont ils étaient originaires : c’est la raison pour laquelle on donne souvent le nom de saïte à cette dynastie. L’Égypte parut alors retrouver sa prospérité passée, tant du point de vue économique que sur les plans intellectuel et artistique, et prit volontiers pour modèles de sa renaissance les grandes époques de son histoire, notamment l’Ancien et le Nouvel Empire.
En 525 av. J.-C., la conquête de l’Égypte par les troupes de Cambyse II plaça le pays sous la domination perse. En dépit de quelques périodes d’indépendance retrouvée, dont la plus importante aura lieu sous le règne des Nectanébo (XXXe dynastie), c’est un territoire perse qu’Alexandre le Grand conquit en 332 av. J.-C.
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Dernière mise à jour : 17 décembre 2023 2005-2024 © Clio la Muse |