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Minoens |
Le culte le plus répandu semblait être celui d’une divinité féminine du type « déesse-mère » dont les attributs pouvaient être les serpents ou les fauves. Les anciens Minoens vénéraient aussi celui que faute de nom les archéologues ont baptisé le « Jeune Dieu ». Représenté sous les traits d’un dompteur de bêtes sauvages ou armé d’un arc avec un lion placé à ses côtés, il concrétise la divinisation du cycle annuel de la végétation. Après l’invasion achéenne, il sera identifié à Zeus. On sait que l’arbre, et plus particulièrement l’olivier, sans doute en raison de sa longévité, a fait l’objet d’un culte, car il apparaît sur de nombreuses représentations d’adoration. Quelques tablettes en linéaire B de Cnossos font mention des noms d’Hera, d’Athéna, de Zeus et de Poséidon mais il s’agit peut-être d’une influence extérieure tardive.
Evans a proposé de voir dans une statuette de Cnossos une « déesse aux serpents ». Mais on a retrouvé peu de figurines du même type, ce qui laisse penser que la divinité chez les Minoens devaient se traduire par des animaux sacrés (taureaux, chèvres, serpents). La tentation est forte de proposer le dieu taureau comme symbole de la fécondité. La signification des scènes de taurokathapsies est inconnue : de jeunes gens, filles ou garçons, s’élancent par dessus les cornes du taureau et effectuent des sauts périlleux. Il semble que des jeunes gens venus de la Grèce continentale participaient à ces activités. Peut-être s’agit-il là de l’origine de la légende du Minotaure.
La représentation indirecte des divinités se retrouve aussi dans la multiplicité des symboles sacrés. Les cornes évoquent le caractère divin du taureau. Elles étaient placées sur les banquettes et autels dans les sanctuaires. La double hache apparaît très souvent sur les vases, les sceaux, les sarcophages et en décoration murale. C’est un symbole ancien que l’on retrouve chez les Hittites. Le mot « Labrys » signifie d’ailleurs « double hache » dans une langue anatolienne, ce qui pourrait expliquer l’origine du mot « Labyrinthe », « le palais aux doubles haches », donné par les Grecs au palais de Cnossos. D’autres symboles comme le nœud sacré, que l’on retrouve sur la fresque de « la Parisienne », la croix, la svastika ou la roue apparaissent moins souvent sans que l’on puisse en déterminer précisément la signification.
Ce qui caractérise la religion minoenne, c’est l’absence de temple. Durant la période protopalatiale, le culte se pratique dans les « sanctuaires de sommet », enclos sacrés sur le sommet de collines près des palais ou dans des sanctuaires naturels comme les grottes.
On y a retrouvé des figurines votives, des vases. Aux époques plus reculées, les stalactites et stalagmites des grottes ont même fait l’objet d’adoration. Dès l’époque des premiers palais, des indices montrent que le contrôle de la religion était inséparable du pouvoir royal. On a retrouvé des autels dans tous les palais. A l’époque néopalatiale, il s’agit de sanctuaires tripartites domestiques ou palatiaux où le pilier central devait avoir une signification religieuse (identique aux stalagmites ?).
Les offrandes prenaient des formes variées. Les Minoens pratiquaient des sacrifices sanglants comme celui figuré sur le sarcophage d’Haghia Triada. Une découverte récente, sur le site de Cnossos, d’un amoncellement d’os d’enfants brisés sans équivoque, laisse penser qu’une certaine forme de cannibalisme rituel pouvait être pratiqué. Mais les sacrifices n’étaient pas tous sanglants : les Minoens offraient aussi à leurs divinités des branches, des fruits, du vin et des libations.
Les archéologues ont aussi retrouvés quantité de modèles réduits d’animaux à proximité des sanctuaires de plein air, ce qui laisserait entendre qu’une représentation pouvait se substituer à un vrai sacrifice.
A toutes les périodes, il existe des récipients de culte dont la forme évolue. La table à offrandes (kernos) trouvée à Malia devait vraisemblablement servir à présenter des échantillons de toutes les productions agricoles (grains, légumes, liquides) dans le cadre d’un culte de la fécondité naturelle. La tradition demeure toujours dans la Crète contemporaine de faire bénir des échantillons de produits agricoles.
Le roi était vraisemblablement un prêtre-roi. Les représentations minoennes nous présentent des prêtres ou prêtresses habillés de peaux d’animaux ou déguisés en démons. Ils portent de longues robes orientales. Les prêtres utilisent les rytha aux formes variées (souvent des têtes animales) pour les libations et soufflent dans des tritons (de forme conique ou ovale) au cours des cérémonies. Leur autorité se traduit par la représentation de haches et marteaux à double tête. On sait par des papyri égyptiens du XIVe siècle que les prêtres minoens pratiquaient des exorcismes renommés.
Les corps sont généralement inhumés. Les Minoens déposaient aux côtés de leurs défunts des récipients contenant de la nourriture et des outils d’usage quotidien, ce qui laisserait supposer une forme de culte des morts ; mais dans le même temps, on ne se privait pas de réutiliser les tombes plusieurs fois. Certaines représentations figurent des processions et des danses qui devaient accompagner l’enterrement du défunt. Le papillon symbolise l’âme du mort.
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Dernière mise à jour : 25 août 2007 2005-2024 © Clio la Muse |