Asie Mineure
Lydiens

Crésus

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Dernier souverain de Lydie qui succéda à Alyatte en 560 et régna jusqu’à la conquête perse en 546. Son règne représente, dans tous les domaines, l’apogée de l’État lydien. Crésus nous est bien connu à travers le récit d’Hérodote. Crésus fit preuve de qualités (intelligence, sens des réalités, opportunisme) mais aussi d’une tendance à l’infatuation et d’une confiance excessive dans la puissance de son or qui joueront un grand rôle dans ses malheurs.

Intelligent et ambitieux

A la cour de son père Crésus s’intéressa d’abord aux choses de l’esprit. Il y croisa Thalès de Milet. En 570, Crésus aurait suivit les enseignements de Solon lors d’un voyage que celui-ci fit à Sardes. Alors qu’il n’est que simple gouverneur de la province d’Adramytte, lorsqu’Alyatte voulut se lancer à la conquête de la Carie, Crésus, pour s’attirer les faveurs de son père qui lui préférait son demi-frère Pantaléon, équipa une armée en empruntant de l’argent auprès de la cité d’Éphèse. Ayant reconquis les faveurs de son père, il déjoua le complot du parti grec qui favorisait Pantaléon et accéda au trône à 35 ans.

Crésus commença par faire expier aux colonies grecques du littoral leur attitude dans le conflit pour l’accès au trône qui l’opposa à son demi-frère Pantaléon, le fils d’une Ionienne. Ephèse, Milet, Lampsaque et d’une manière générale toutes les autres colonies, durent reconnaître la suprématie de l’État lydien. Crésus leur imposa un certain nombre de conditions militaires (destruction des fortifications, présence de garnisons lydiennes, fourniture de contingents), financières (paiement d’un tribut) et économiques (concessions à la Lydie d’immunités et d’avantages commerciaux), mais il leur laissa l’autonomie municipale.

Cette modération du vainqueur, jointe à sa générosité vis-à -vis des temples porta ses fruits. Lors de la guerre contre Cyrus II, hormis Milet, toutes les cités lui resteront fidèles. Grâce à cette entente solide des deux éléments ethniques, grec et asiatique, qui le composent, l’État lydien, jusque-là essentiellement continental, devint également maritime. Crésus songea même à la conquête des îles voisines de Lesbos, Chios et Samos. Il songea à construire une flotte, mais le projet n’eût pas de suite.

En Grèce d’Europe, Crésus entretint d’excellentes relations politiques avec Athènes et surtout avec Sparte - dont il rechercha l’appui militaire éventuel et avec laquelle il signa un pacte d’alliance -, commerciales avec Corinthe, religieuses avec les grands sanctuaires Delphes, Dodone et les autres, auxquels, autant par intérêt que par dévotion, il multiplia les offrandes. Jusqu’au dernier jour ses relations avec le monde grec demeureront excellentes. Vers l’Orient, Crésus resta fidèle au traité de 585 et à l’équilibre politique né de la chute de la puissance assyrienne. Il entretint de cordiales relations avec le roi des Mèdes, son beau-frère, Astyage, et des rapports corrects avec les successeurs de Nabuchodonosor II. La sécurité qu’il retira de ce régime d’équilibre, donna à Crésus les moyens d’achever la conquête de l’Asie Mineure. Tous les peuples en deçà de l’Halys  , à l’exception des Lyciens et des Ciliciens lui seront définitivement soumis. Toute l’Asie Mineure de l’anti-Taurus   à la mer Egée et du Pont Euxin au golfe de Pamphylie relèvera désormais du royaume lydien.

... très riche...

Crésus poussa à fond la mise en valeur des ressources naturelles du pays. L’agriculture, l’exploitation des ressources minières (or, argent et de cuivre) et l’industrie, développée par l’afflux des étrangers et les progrès du luxe et du commerce, favorisé par la situation géographique de la Lydie qui en fait la grande intermédiaire entre l’Orient et l’Occident, procureront à l’État et à son roi d’énormes ressources.

Ces richesses, les progrès de la circulation métallique et le système monétaire créé par Gygès et perfectionné par Crésus, permettront de les mobiliser avec une aisance et une souplesse toutes nouvelles. Cet or, qui devait assurer l’immortalité à son nom, Crésus excella à le produire (exploitation intensive du pays, impôts, tributs, péages, y contribuèrent à la fois,), mais, plus que tout, Crésus excella à s’en servir. Avec son or, il s’assura l’alliance spartiate et même celle des dieux par ses généreuses offrandes à l’oracle de Delphes, au temple d’Artémis à Ephèse et au sanctuaire de Thèbes.

...mais malheureux

Ses conquêtes territoriales et politiques, obtenues plus par le pouvoir de l’argent que par un réel génie militaire ou politique, menèrent Crésus à une excessive confiance dans sa bonne fortune. S’inquiétant de la montée en puissance du jeune état achéménide patiemment construit par Cyrus II, Crésus cherchait à arrêter les Perses avant qu’il ne fussent trop fort mais hésitait à les attaquer. Il consulta donc l’oracle de Delphes sur l’issue d’une guerre contre les Perses et s’il devait s’adjoindre des troupes alliés.

L’oracle répondit que s’il faisait la guerre aux Perses, il détruirait un grand empire et lui conseillait de rechercher quels étaient en Grèce les peuples les plus puissants pour s’assurer leur amitié. Confiant, Crésus consulta tout de même une dernière fois l’oracle pour savoir si sa monarchie durerait longtemps. Et celui-ci répondit que lorsqu’un mulet deviendrait roi des Mèdes, il devrait fuir. Rassuré, Crésus, aidé de ses alliés grecs et égyptiens, franchit l’Halys et s’empara de la forteresse perse de Pteria. A la nouvelle de cette agression, Cyrus remonta rapidement le cours de l’Euphrate et défit la coalition lydienne devant Pteria. Peu de temps après, les Perses firent le siège de Sardes et Crésus tomba aux mains de Cyrus qui lui épargna la vie en raison de ses sages paroles. Crésus finit tranquillement et luxueusement ses jours à Ecbatane comme conseiller du roi perse.

L’oracle de Delphes ne s’était pas trompé mais comme toujours, il fallait en faire la bonne interprétation. Le grand empire détruit fut celui des Lydiens et non celui des Perses, quant au mulet monté sur le trône de Médie, il s’agissait de Cyrus, fils de Mandane, fille du roi des Mèdes, qui avait épousé un noble perse alors qu’il était son vassal.


 




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  Dernière mise à jour : 21 août 2007
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