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L’Art grec

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L’art grec était mêlé à la vie quotidienne. Il se rencontrait dans les temples, les théâtres, les portiques, les cimetières et dans les objets usuels des demeures privées (cruches, coupes, miroirs, bijoux). La notion que le nombre est la clef de l’harmonie était solidement implantée dans les arts. Le canon grec repose sur des règles de proportion en architecture comme en sculpture. Ces canons ne sont pas pour autant un frein à la créativité et la personnalisation des œuvres. Les sculpteurs, les céramistes et les peintres prirent tôt l’habitude de signer leur œuvre.

Urbanisme et Architecture

Jusqu’à l’apparition du plan hippodamien  , les cités grecques étaient construites sans aucune règle d’urbanisme particulier. Les monuments publics s’entassaient au cours des années jusqu’à offrir l’image d’un véritable chaos urbain, impression accentuée par un environnement de ruelles tortueuses, de murs irréguliers et de portes non reliées aux axes principaux. Ce qui aboutissait à un paradoxe saisissant : des édifices construit selon les strictes règles de l’harmonie dans un décor général totalement anarchique. Selon Aristote [1], cela constituait d’ailleurs un avantage militaire en cas d’invasion de la cité par l’ennemi.

La pratique de construire les édifices publics date du VIIe siècle. Le calcaire était le matériau le plus commun et le marbre, bien qu’abondant en Grèce, ne fut employé qu’au Ve siècle et encore rarement pour les grands édifices. Les toits étaient soit en bois, soit en tuiles d’argile. Les Grecs n’aimaient pas la brique qu’ils réservaient pour les édifices privés. L’architecture était un « art public ». La Grèce classique était pratiquement dépourvue de palais ou de belles demeures privées. Parmi les édifices publics les temples et, à un moindre degré, les théâtres étaient ceux qui bénéficiaient du plus d’attention.

L’architecture grecque évolua, quand elle évolua, vers de plus grandes dimensions, plus de décorations plutôt que vers des conceptions nouvelles. Les Grecs n’utilisèrent ni l’arc, ni la voûte connus depuis longtemps par les Babyloniens et les Égyptiens.

Peinture et céramique

Les peintures qui recouvraient la statuaire, les temples, les murs et portiques ont bien souvent été perdues. Des indices laissent penser que la peinture murale était très commune. Certains noms de peintres très renommés survivent comme Apelle qui fut le peintre de cour d’Alexandre, mais seules les céramiques peintes demeurent. Les céramiques peintes sont une constante de l’art grec depuis l’Age du Bronze et peu de civilisations atteignirent un tel niveau de perfection.

Vase grec à figure noire.

Dans la Grèce antique, les vases sont fabriqués en très grand nombre. C’était une céramique usuelle (vases, coupes, cruches), il est très rare de trouver des objets non fonctionnels, et par conséquent la décoration de ces objets relève du pur plaisir esthétique. Même si beaucoup de gens n’avaient pas les moyens d’acquérir de belles céramiques peintes, la production de masse était de haute qualité. La céramique peinte utilitaire était universelle dans le monde grec et constituait un produit phare des exportations vers le monde barbare et certains, comme les Etrusques, cherchèrent très tôt à l’imiter.

Vers la fin du VIIe siècle apparaît la technique de la « figure noire » : la peinture noire est utilisée sur un fond de terre qui passé au feu devenait orange, voire jaune ou rouge. Puis au VIe siècle, le procédé s’inverse avec la « figure rouge » : un vernis noir recouvre le vase sur lequel le dessin peint en rouge se détache. En moins de vingt ans, les céramiques à figure rouge éclipsèrent totalement leurs aînées.

Il existe partout des ateliers et chaque région développe un style qui lui est propre : il y a des vases attiques, corinthiens, apuliens... Même si toutes les cités étaient en mesure de produire de la céramique bon marché, seules Corinthe et Athènes parvinrent à produire des objets exceptionnels. Presque toujours décorés, ces vases sont de véritables œuvres d’art. La décoration emprunte ses thèmes à la mythologie (dieux, héros), à la vie quotidienne de la cité (guerre, sports, banquets, sacrifices, scènes érotiques) mais jamais à la vie politique. Certains ateliers ou peintres nous sont connus par leur signature.

Vase grec à figure rouge.

La sculpture

Les Grecs lièrent étroitement la sculpture et l’architecture : statues dans les temples, frises, frontons, métopes, antéfixes ne sont pas concevables sans support, sans décor global. Comme en architecture, la sculpture recherche l’harmonie décrite selon des règles mathématiques. Jusqu’à la fin du IVe siècle, les statues furent conçues pour être vues de face.

Jusqu’au Ve siècle, la sculpture est essentiellement d’essence religieuse et même en dehors des temples, les thèmes étaient religieux.

Le nu fut inventé par les Grecs et il demeura pendant près d’un siècle principalement masculin.

La sculpture classique se caractérise par une très grande maîtrise du matériau (pierre ou bronze), une connaissance très poussée du corps humain et l’expression d’un idéal. Selon Pline l’Ancien [2], Lysippe de Sycione « disait souvent que [les artistes anciens] représentaient les hommes tels qu’ils sont en réalité, mais lui, tels qu’ils paraissent être. » Les Romains nourrirent une grande passion pour la statuaire grecque et ils firent beaucoup de copies des grandes statues classiques.

L’art de Tanagra

C’est en Béotie qu’apparaît au IVe siècle l’art de Tanagra. La statuaire de Tanagra rompt avec les canons classiques imposés par Phidias. C’est un art qui exalte la sensualité des corps et la beauté des femmes. Les artistes cherchent à faire preuve de virtuosité. L’érotisme fait sa première apparition dans l’art grec. La production est réalisée de façon quasi-industrielle, ce qui permet de démocratiser l’art. Ces statuettes sont vendues en Grèce et en Asie Mineure. Elles devaient avoir une fonction de décoration aussi bien dans la maison que dans les tombes.



[1Aristote, Politiques, VII 1330b.

[2Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXXIV, 65.

 




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  Dernière mise à jour : 29 septembre 2014
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