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Étrusques |
"Un très vieux peuple, qui ne ressemblait à aucun autre ni par la langue, ni par les mœurs. [1]"
Selon Hérodote, les Étrusques étaient originaires de Lydie, qu’ils auraient quitté pour fuir la famine :
"le fléau, loin de cesser, s’aggravait encore : alors le roi répartit tout son peuple en deux groupes, et le sort désigna celui des deux qui resterait dans le pays, tandis que l’autre s’expatrierait. Il demeura lui-même à la tête du groupe désigné pour rester, et donna pour chef aux émigrants son fils, qui s’appelait Tyrrhénos. Les Lydiens bannis par le sort descendirent à Smyrne, se firent des vaisseaux qu’ils chargèrent de tous leurs biens, et partirent à la recherche d’une terre qui pût les nourrir ; ils longèrent bien des rivages jusqu’au jour où ils arrivèrent en Ombrie, où ils fondèrent des villes et ils demeurent encore aujourd’hui. Mais ils quittèrent leur nom de Lydiens pour prendre celui du fils de leur roi, qui était à leur tête ; ils prirent, d’après lui, le nom de Tyrrhéniens." [2]
Selon Denys d’Halicarnasse, les Étrusques étaient une population autochtone : "en fait, ceux-là ont chance d’approcher beaucoup plus de la vérité qui déclarent que le peuple étrusque n’a émigré de nulle part et a toujours été là " [3] Puis, il reprend la thèse ionienne, soutenue par Hellanicon de Mytilène et Hécatée de Milet, selon laquelle les Étrusques pourraient descendre des Pélasges qui seraient arrivés en Italie centrale(vers al fin du IIe millénaire) et s’y seraient maintenus. Il nous apprend enfin qu’"Eux-mêmes, d’après le nom d’un de leurs chefs Rassennas, se nomment de la même manière" [4]
Strabon [5] estimait lui aussi que les Tyrrhéniens étaient des Pélasges, les mêmes qui auraient peuplé les îles de Lemnos et d’Imbros, proches des côtes d’Asie Mineure. Enfin, Tite-Live [6] mentionne l’existence de colonies étrusques dispersées du Pô jusqu’aux Alpes et leur attribue une parenté avec les Rhètes. Selon la tradition étrusque elle-même, l’autoctonie ne faisait pas de doute. Un vieillard, nommé Tagès, apparut dans le sillon que labourait un paysan de Tarquinia. C’est lui qui aurait dicté le code de la religion étrusque, l’Etrusca Disciplina.
Sur la base de ces hypothèses antiques, de nombreuses thèses contemporaines sont venue se greffer. Cette diversité d’opinion n’est en fait que le reflet de la perplexité ressentie face à une langue en grande partie incompréhensible. L’étruscologue Massimo Pallotino considère qu’il est illusoire de vouloir donner une explication valable à la question des origines en l’absence de preuves archéologiques irréfutables.
Puisqu’on observe une continuité d’occupation, sans rupture, entre les sites villanoviens et le sites étrusques, tant en Étrurie mère que dans la plaine du Pô et au sud de Salerne, on peut peut considérer que la culture villanovienne et la culture proto-étrusque ne font qu’une. De plus, et a contrario, là où les vestiges archéologiques villanoviens sont absents, ce sont des traces d’occupation des populations italiques que l’on retrouve.
La thèse de l’origine orientale demeure séduisante car elle trouve dans la culture étrusque quelques échos troublants. Ainsi de la pratique étrusque de la divination par l’examen du foie des victimes qui évoque immanquablement une pratique mésopotamienne de la plus haute antiquité. Quant à la stèle découverte dans l’île de Lemnos, elle demeure encore à ce jour la seule inscription connue écrite dans une langue dont la plus proche parenté est celle de l’étrusque et réciproquement. Il est donc vraisemblable que ces deux langues, l’étrusque et le lemnien, ont une origine commune (IIe millénaire ?) mais que séparée, elles aient évolué chacune de leur côté. On peut noter enfin que les textes égyptiens concernant les peuples de la Mer mentionnent un peuple, les Tr^s.w, qui ne sont pas sans évoquer les Tyrsennoi (Tyrrhenoi), c’est à dire les Tyrrhéniens.
Comme souvent, il est sans doute vain de chercher une explication unique à l’élaboration d’une culture donnée : comme toutes les civilisations, la civilisation étrusque est née de la rencontre entre un substrat autochtone, la culture villanovienne, et des apports extérieurs minoritaires mais fondateurs. Dans le domaine militaire, c’est au contact des autres peuples, notamment des Grecs, que les Étrusques amélioreront leurs techniques en copiant l’armement et la manœuvre des hoplites, ce qui assurera à l’Étrurie une certaine hégémonie sur les autres peuples italiotes .
Les Étrusques ne constituaient pas une race mais un ethnos, au sens grec du terme. Les Latins les désignaient d’ailleurs par l’expression nomen etruscum, c’est à dire ceux qui se considèrent comme Étrusques.
[1] Denys d’Halicarnasse - I,30,2
[2] Hérodote - L’Enquête, I, 94.
[3] Denys d’Halicarnasse - Les Antiquités romaines, I, 25.
[4] Denys d’Halicarnasse - Les Antiquités romaines, I, 30,3.
[5] Strabon - Géographie, V,2,4.
[6] Tite-Live, Histoire romaine, V, 33
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Dernière mise à jour : 26 février 2008 2005-2024 © Clio la Muse |