Europe
Étrusques

L’Étrurie aux 12 cités

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"Avant la suprématie romaine, les Étrusques exerçaient au loin leur puissance, sur terre et sur mer : on en trouvera une preuve dans le nom des deux mers, qui baignent la presqu’île italique : la mer toscane à l’ouest et la mer adriatique à l’est - son nom vient d’Atria colonie étrusque ; les Grecs appellent ces mers Tyrrhénienne et Atriatique. Les Étrusques se rapprochèrent des côtes et fondèrent deux fédérations de douze peuples, la première du côté de l’Apennin, en direction de la mer Atriatique, la seconde de l’autre côté de l’Apennin avec le même nombre de colonies, une par métropole. Ces colonies contrôlaient tout le pays de la plaine du Pô jusqu’aux Alpes, à l’exception de l’angle formé par le pays vénète au bord du golfe." [1]

© Alban Brice Pimpaud
Étrurie padane et Étrurie centrale.

Le territoire étrusque est d’abord un espace culturel, car il n’existe pas d’Etat étrusque. Le territoire étrusque est celui où on parle leur langue, il englobe donc des régions où la domination étrusque n’a pu être que temporaire.

L’Étrurie originelle s’étendait ainsi sur un territoire correspondant à l’Italie centrale, délimitée au nord par le fleuve Arno, à l’est par le lac Trasimène au sud par le Tibre, et à l’ouest par la mer Tyrrhénienne mais en excluant la région de Pise  . Puis, les Étrusques ont étendu leur domination vers le nord à une partie de la plaine du Pô, autour de la cité de Felsina, la future Bologne et autour de Reggio d’Emilia et de Mantoue. Au sud, au début, du VIe siècle, ils fondent Capoue et Nola et la plus grande partie de la Campanie, à l’exception de la baie de Naples et de la région de Salerne, était en territoire étrusque. En somme, presque toute l’Italie était sous l’autorité des Étrusques. [2] En 616, un premier roi étrusque s’empare de la petite ville de Rome.

© Alban Brice Pimpaud
Étrurie campanienne.

Il ne s’agissait pas pour autant d’un empire à la manière de Rome. L’Étrurie était une confédération de douze cités, avec chacune une ville et son territoire. Chaque cité était dirigée collégialement par des magistrats (zilaθ) élus annuellement. Les mandats pouvaient être renouvelés et exercés très jeunes. Comme les lucumons, les magistrats étaient précédés ou suivis par des licteurs.

Inspirée de la ligue ionienne, la ligue étrusque était une confédération aux objectifs politiques bien flous. Elle trouvait surtout son unité dans les cérémonies religieuses et les festivals qui les accompagnaient. Le siège de la ligue devait se trouver dans le temple du dieu Voltumna (fanum Voltumnae) sur le territoire de Volsinies. Les rois (lucumons) et les aristocrates (principes) s’y réunissaient annuellement lors d’une assemblée solennelle (conciclium etruriae). Au delà de son caractère religieux, cette assemblée pouvait prendre des décisions politiques comme lors du conflit qui opposa les Étrusques à Rome au Ve siècle, mais surtout il est probable que c’était à cette occasion qu’était élu un magistrat fédéral, peut-être appelé zilath meXl rasnal . Celui-ci devait occuper un rang et détenir des fonctions non négligeables car il est certain que les cités se livraient une concurrence acharnée pour que leur propre candidat soit élu.

Mais aucun auteur antique ne nous a fourni la liste des villes composant cette confédération. Aux VIIe-VIe siècles Véies, Caere, Rosella, Tarquinia, Vulci, Volsinies, Chiusi, Vetulonia, Volterra, Cortone, Arezzo, Populonia devaient figurer dans la dodécapole (duodecim etruriae populi). Pérouse et Fiésole constituaient sans doute aussi d’authentiques métropoles. Comme dans le cas des cités grecques, on ne sait pas très bien délimiter les frontières territoriales des cités étrusques, même s’il existait des bornes inscrites dont certaines nous sont parvenus. A ce propos, il est amusant de constater que le mot étrusque tular désigne à la fois la limite d’un champ et celle d’une cité.

Si l’on se base sur la superficie des sites archéologiques, les cités étrusques s’étendaient sur 30, comme à Chiusi, à 200 hectares, comme à Veiès ; Caere, Populonia, Tarquinia et Volterra dépassaient les 100 hectares. D’après la taille des nécropoles, on peut estimer la population moyenne comprise entre 20 000 et 40 000 habitants, chiffres très importants pour l’Antiquité et tout à fait comparable aux cités grecques. Notre connaissance des cités étrusques est très incomplète car la plupart des sites ont été recouverts par des villes contemporaines. Dans le cas de Marzabotto, qui fut abandonnée après avoir été conquise par les Gaulois au IVe siècle, le plan de la cité était de type hippodamien   avec une orientation des rues strictement nord-sud et est-ouest où l’on peut distinguer des axes principaux (plateiai) et secondaires (sténopoi). Cette configuration préfigure le plan typique des villes romaines organisées autour d’un cardo   et d’un décumanus. De larges trottoirs épaulaient les grandes rues, ils devaient permettre aux marchands d’y installer leurs étals. La chaussée était constituée de couches superposées de cailloutis ; elle disposait d’un égout recouvert ou à ciel ouvert. A Rosella et à Marzabotto, on peut observer des maisons domestiques construites autour d’une cour centrale pourvue d’un impluvium et d’une citerne pour recueillir les eaux de pluie ; autrement dit, l’ancêtre de l’atrium   romain.

Les Étrusques montrèrent une grande maîtrise de l’hydraulique : Rome leur doit l’assèchement du marais où s’éleva ultérieurement le forum et la réalisation du cloaca maxima. Les sols imperméables de la campagne de l’Étrurie centrale furent percés de puits verticaux reliés à des canaux souterrains qui allaient se déverser dans les rivières voisines. Ces travaux ont contribué à résorber la malaria qui réapparut au XIXe siècle faute d’entretien du système hydraulique étrusque !



[1Tite-Live, V, XXXIII.

[2Caton l’Ancien, cité par Servius, Ad. Aen., XI, 567.

 




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  Dernière mise à jour : 12 juin 2008
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