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Ptolémée souhaita créer (vers 290) dans sa ville un établissement important qui réunirait les savants, les écrivains, tous les chercheurs de son temps. C’est ainsi que fut élevé tout près du Palais royal un temple de la science et des Muses, le Mouséïon (musée), dont l’exemple venait d’Athènes. A l’origine, ce qui devint ensuite la célèbre Bibliothèque n’était qu’une annexe du Musée. Ptolémée confia le projet au précepteur de ses enfants, Démétrios de Phalère, ancien tyran d’Athènes mais aussi philosophe, administrateur, écrivain et orateur. Démétrios de Phalère défend l’idée aristotélicienne que la bibliothèque doit contenir tous les savoirs du monde. Mais c’est sous le règne de Ptolémée Philadelphe que la bibliothèque s’enrichit de nombreux volumes.
Le dessein de Ptolémée est d’acquérir toutes les œuvres écrites de l’Humanité, pour cela plusieurs moyens sont mis à contribution : Ptolémée demande aux autres souverains de lui envoyer tout ouvrage écrit digne d’intérêt ; les œuvres sont empruntées contre gage le temps de les copier ; tout bateau arrivant dans le port d’Alexandrie se voit confisquer ses livres qui seront copiés par des scribes, l’original, s’il est de valeur enrichira la bibliothèque et la copie sera restituée au navire. Par ailleurs, ordre est donné de rechercher dans tout le monde méditerranéen les ouvrages précieux qui manqueraient au catalogue.
C’est dans le cadre de cette même démarche encyclopédique que Ptolémée aurait ainsi commandé aux représentants des tribus juives la traduction en grec de la Bible (dite « Bible des Septante »). A cette époque la bibliothèque compte déjà 500 000 volumes (rouleaux de papyrus) et moins de trois siècles plus tard, elle en comptera 700.000. Face à cet afflux, il fut nécessaire de construire un second bâtiment le Sérapéion dans le temple de Sérapis. Ce fut pendant cette période que Manéthon, prêtre égyptien parlant et écrivant le grec, rédigea son histoire des pharaons intitulée Aiguptiaka.
D’après Strabon, qui l’a visité lors de son voyage en Égypte en 25/24 av. J.-C. : « Le Museion fait lui aussi partie des bâtiments royaux et comprend un péripate, un exèdre avec des sièges, et un grand édifice, où se trouve la salle commune dans laquelle prennent leurs repas les savants, membres du Museion. Cette communauté d’érudits possède des biens en commun ; ils ont aussi un prêtre directeur du Museion... » [1]
C’était donc une sorte d’université des Lettres et des Sciences. Les savants de toutes disciplines y étaient admis. Les savants étaient nourris gratuitement et exemptés d’impôts. Ces dispositions étaient faites pour attirer à Alexandrie les hommes de valeur de toutes les parties du monde grec et ainsi pouvoir supplanter Athènes.
La bibliothèque fut construite dans le quartier du Bruchium, près du palais royal. Le bâtiment était composé d’une cour ombragée entourée d’un portique où élèves et visiteurs pouvaient discuter, d’une grande salle - où avaient lieu les cours magistraux - et d’une autre - où professeurs et élèves prenaient leur repas en commun, entourée de salles plus petites où les maîtres enseignaient. Il y avait aussi un observatoire astronomique, un zoo et un jardin.
La vie y était communautaire mais il existait un président des études qui portait le titre de Prêtre des Muses. La charge de bibliothécaire, bientôt instituée pour faire face à la tache, sera occupée par de grands érudits : Zénodote d’Ephèse, Apollonius de Rhodes , Eratosthène de Cyrène, Appolonius d’Alexandrie, le grammairien Aristophane de Byzance, Aristarque de Samothrace ou le poète Callimaque qui invente le premier catalogue. Les bibliothécaires en chef furent, souvent, choisis par le souverain régnant pour être le précepteur de leur fils, le prince héritier. Ils étaient aidé par deux prêtres, pour classer et cataloguer les œuvres des poètes dramatiques l’un s’occupait des tragédies, l’autre des comédies.
La bibliothèque fut incendiée une première fois durant l’entrée de Jules César à Alexandrie (48 av. J.-C.) : César fait incendier la flotte amarrée dans le port pour empêcher que la flotte de Ptolémée XIV ne prenne la ville à revers, de là l’incendie se propage à la Bibliothèque toute proche et entre 40 000 et 400 000 rouleaux sont détruits. En compensation, Antoine offre à Cléopâtre la bibliothèque de Pergame. En 295, les collections sont de nouveau endommagée durant la révolte d’Aemilianus. Puis en 391, le Sérapéion est détruit lors d’une révolte contre Théodose.
Enfin, en 691, Alexandrie étant tombée aux mains des Arabes selon la légende le général Al-as Amrou ordonne la destruction de tous les livres, qui seront utilisés pour chauffer les bains publics pendant six mois, car « si tous ces livres sont conformes au Coran, ils sont inutiles, s’ils ne sont pas conformes, ils sont dangereux ».
[1] STRABON, Géographie (XVII, 1,8)
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Dernière mise à jour : 18 décembre 2009 2005-2024 © Clio la Muse |