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Lagides

L’Etat lagide

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Le roi et la cour

La cour des Ptolémées est toujours restée une cour grecque. Les courtisans étaient vêtus à la grecque. Le roi ou les grands personnages ne se distinguaient des simples citoyens que par le luxe de leur vêtement (couleur pourpre et finesse des broderies). Pour les cérémonies officielles le roi revêtait le costume macédonien : chapeau à larges bords (kausia), petit manteau oblong (chlamyde), grandes bottes lacées (krépidès). La couronne royale (taenia) était un simple ruban surmonté d’un diadème.

La cour des Ptolémées avait un hiérarchie complète de charges. On y trouvait le grand veneur, le grand sénéchal, le grand médecin, les grands échansons, jusqu’aux valets, portiers et balayeurs. La cour résidait habituellement à Alexandrie. Elle menait une vie luxueuse qui étonnera l’ambassade romaine venue en visite en 273 av. J.-C. La cour suivait le roi lorsque celui-ci se rendait dans d’autres villes d’Égypte, comme Memphis. Elle se rendait à Canope pour l’anniversaire du roi où se tenait peut-être une cérémonie particulière pour l’occasion.

Administration du royaume

L’administration lagide était remarquablement organisée et efficace, même si, avec le temps, le poids excessif de la bureaucratie sera une des causes de l’affaiblissement des Lagides. L’État lagide est un état centralisé et dirigiste. Dans le monde grec, la cité (polis) pouvait se nourrir en s’appuyant sur l’arrière-pays (chôra), dans le cas de l’état lagide, c’est la capitale, Alexandrie, qui tient lieu de polis et l’Égypte toute entière de chôra, d’ailleurs les Romains ne disaient pas d’Alexandrie qu’elle était en Égypte mais ad Aegyptum, c’est à dire au bord de l’Égypte ! C’est à Ptolémée II Philadelphe, qu’il revient d’avoir structuré l’organisation administrative : le royaume est alors divisé en nomes . Chaque nome est sous l’autorité militaire et civile d’un stratège, assisté de fonctionnaires pour la justice et les finances, et de secrétaires.

Les nomes sont eux-mêmes subdivisés en toparchies , qui rassemblent des villages, ou kômai . Chacune de ces subdivisions avait son corps de fonctionnaires, ce qui ne fit qu’augmenter la bureaucratie. A chaque niveau de cette hiérarchie, les fonctionnaires sont secondés par des scribes. Les impôts, perçus en nature (céréales) et en espèces, étaient strictement contrôlés par des fermiers et des économes.

Mais le poids excessif des fonctionnaires et le système du stathmos (cantonnement des soldats à qui ont été attribué un lot de terre au retour des campagnes) conduisent le paysan égyptien à céder son logement aux premiers et sa terre aux seconds. Les abus se multiplient et exaspèrent les tensions entre « colons » et « colonisés » , entre Grecs et indigènes. Elles dégénèreront en troubles sociaux, puis en véritables révoltes au IIe siècle. D’autant plus qu’elles seront soutenues par le clergé indigène, qui profite de l’affaiblissement de la dynastie royale pour exercer à nouveau son pouvoir sur la population et attiser les tendances nationalistes.

Economie

Le but essentiel de l’administration lagide était de faire de l’Égypte un grand domaine aussi rentable que possible. Il devait donc être géré comme une vaste entreprise privée. L’homme le plus important du royaume était l’administrateur économique du royaume : on l’appelait le « dioecète », le régisseur. A ses côtés et dépendant uniquement de lui se trouvait un fonctionnaire appelé « eklogistes », le comptable, qui était chargé de superviser tous les comptables du pays.

L’Égypte, province très riche, produisait d’immenses quantités de grain employés pour la consommation et dont le surplus devait être vendu au profit du trésor royal. D’autres produits égyptiens pouvaient être vendus au seul bénéfice du roi : les raisins, le sésame et le ricin que l’on transformait en huile, le lin , les tiges de papyrus.

L’Empire lagide

La politique extérieure de Ptolémée Ier sera reconduite par ses successeurs jusqu’au milieu du IIe siècle : maintien d’une puissance maritime contrôlant toute la Méditerranée orientale et recherche d’expansion de l’empire vers la Palestine et la Syrie. La Syrie méridionale, Chypre et la Cyrénaïque constituaient les trois possessions territoriales non égyptiennes des Lagides. Ptolémée Ier conquiert Chypre (vers 295) qui, soit en régie directe soit comme royaume vassal, restera sous domination des Ptolémées jusqu’à la conquête romaine. De même pour la Cyrénaïque qui resta égyptienne jusqu’en 96 av. J.-C.

La politique extérieure des souverains lagides consista essentiellement à protéger les terres égyptiennes, en les ceinturant d’un vaste glacis protecteur établi aux dépens de la Grèce et du royaume séleucide. Pour affaiblir leurs puissants voisins dont ils convoitaient les possessions, les Ptolémées soutinrent toutes les révoltes internes chez leurs voisins. Malgré quelques sévères revers, au cours des « guerres de Syrie » contre les Séleucides, ils resteront longtemps la première puissance militaire de la région.


 




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  Dernière mise à jour : 3 juin 2015
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