Iran ancien
Achéménides

Les Dix-Mille

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Nom donné au voyage de retour depuis le cœur de l’empire perse des mercenaires grecs engagé par Cyrus le jeune qui voulait renverser son frère, Artaxerxès, roi des Perses. La description qu’en fait Xénophon dans l’Anabase constitue indirectement l’un des tout premiers récit d’exploration géographique d’une région jusqu’alors inconnue.

L’expédition de Cyrus...

Cyrus, vice-roi à Sardes, avait chargé les Grecs de lui recruter des troupes de mercenaires. Au printemps 401 av. J.-C., Cyrus fit conduisit son armée à Célanée où il recueilli de nouvelles forces grecques. Il se dirigea alors au nord jusqu’à Kéramon Agora (Iskam Keuy), puis à l’est par la Cappadoce jusqu’à Tyane, enfin au sud jusqu’aux imposantes Portes de Cilicie traversant le Taurus  . A Tarse, il rejoignit Menon, qui avait suivi ses guides le long d’une route plus courte près de la côte.

Là les Grecs refusèrent pendant trois semaines d’avancer. Ils cédèrent enfin à la pression du sévère Cléarque et à l’assurance qui leur fut donnée que Cyrus n’avait pas l’intention de dépasser l’Euphrate. L’armée traversa le Saros et le Pyramos, alla à Issos, puis, par la passe de Jonas, à Myriandos sur le Golfe d’Alexandrette. Après une semaine de repos, elle franchit les monts Amanos et en douze jours atteignit l’Euphrate. Là , il fallut bien que Cyrus confessât ce que les Grecs avaient deviné, à savoir qu’on marchait contre le grand Roi, mais ses promesses de magnifiques récompenses et l’exemple de Menon entrainèrent les Grecs de l’autre côté du fleuve, qu’ils passèrent à gué au début d’août et commencèrent de longer. Une marche agréable jusqu’au Khabour fut suivie d’une quinzaine à travers le « désert d’Arabie ».

...tourne au désastre

La bataille décisive eût lieu à Cunaxa non loin de Babylone en mars 401. Selon Xénophon, les mercenaires grecs furent victorieux mais Cyrus est tué au cours des combats. Artaxerxès les épargna, mais comment les Grecs pouvaient-ils, sans approvisionnements, retourner chez eux ? le satrape Tissapherne offre de les reconduire chez eux mais les trahit en faisant assassiner leurs chefs, les Grecs se retrouvèrent sans chef en territoire hostile. Les Grecs élisent de nouveaux chefs, dont le valeureux Xénophon, et choisirent de rentrer en traversant les montagnes du Kurdistan où l’armée perse ne cherchera pas à les poursuivre.

La terrible retraite

Ce qui s’ensuivit, ce fut l’exploration sans guides permanents, et au cœur de l’hiver, d’une contrée âpre, malaisée, inhospitalière, dépourvue de routes. Les Carduques ou Kurdes, opposèrent aux Grecs une forte résistance. Poussant à travers les montagnes, les Grecs atteignirent en décembre le Kentrites (Botan Sou) avec les montagnards sur leurs arrières. Ils parvinrent à une entente avec un des satrapes d’Arménie et progressèrent au nord-ouest, franchissant le Bitlis Tchai et, par Mouch, le Teleboas (Mourad Sou) sur le haut plateau d’Arménie. Il semble que du Teleboas, ils atteignirent le Gounek Sou puis le plateau d’Erzeroum, où ils se reposèrent un mois. Beaucoup des leurs étaient restés en arrière : « ceux dont les yeux avaient été aveuglés par la neige, et ceux dont les pieds avaient été pourris par le froid ».

Thalata, thalata !

En quittant ces lieux, probablement mal renseignés, ils suivirent vers l’est l’Araxès, que l’on appelait localement le Phase. Ils crurent que c’était le Phase   (le Rion) qui se jette dans la Mer Noire, et le suivirent sept jours, puis revinrent deux jours sur leurs pas et s’en éloignèrent en piquant au nord par la plaine de Kars, au milieu de grandes privations. Ils franchirent le Koura et l’Olty Sou, puis tournèrent à l’ouest le long de l’Harpasps (Tchorokh Sou) et de nouveau au nord.

A Gymnias, ils retrouvèrent la civilisation : ils y furent bien accueillis et on leur dit que la cité grecque de Trapézonte (Trébizonde), sur la Mer Noire, n’était pas loin de là . A la vue de la mer, la liesse envahit les rescapés (« Thalata, thalata ! »)qui reprirent espoir. Quelques jours encore, et ils parvinrent, au début de l’an 400, à Trapézonte, où ils se reposèrent une semaine. Les cités grecques de la côte pontique ne les accueillirent pas de bon gré car elles craignaient d’être pillées. Xénophon proposa aux 5000 survivants de fonder une colonie mais ils refusèrent. Ils marchèrent le long de la côte connue de la Mer Noire jusqu’à Kérasonte et Kotyora, naviguèrent de là jusqu’à Sinope et Héraclée et marchèrent encore jusqu’au Chrysopolis (Skutari), d’où ils sortirent d’Asie en traversant les Dardanelles pour aborder à Byzance.


 




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  Dernière mise à jour : 25 août 2007
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