Iran ancien |
Achéménides |
Persépolis est sans aucun doute le plus impressionnant de tous les sites archéologiques en Iran, tout d’abord par son étendue mais surtout par la taille et la nature de ses ruines. La cité est située au cœur du Fars, dans une haute plaine entourée de montagnes.(Plan du site)
A peine les travaux de Suse terminés, Darius Ier entreprend, vers 518 av. J.-C., la construction d’une nouvelle capitale dans la plaine de Marv-e Dasht, à peu de distance de Pasargades, la capitale de Cyrus le Grand. Parsa (mieux connue sous son nom grec de Persépolis) n’a eu aucun rôle administratif ou commercial mais était peut-être destinée uniquement à servir de cadre aux fêtes du Nouvel An, le Now Rouz, lorsque les envoyés de tous les peuples soumis à l’empire perse venaient déposer leurs offrandes au pied du Roi des Rois, sous l’égide du grand dieu Ahura-Mazda.
Lors de ces célébrations, les plus importantes du calendrier mazdéen, les envoyés de tous les États vassaux de l’Empire achéménide viennent présenter leur tribut au Roi des Rois. C’est cette cérémonie que l’on voit représentée sur les escaliers de l’Apadana. Toutes les satrapies y sont représentées. Aucun étranger ne pouvait assister à ces cérémonies.
L’aspect monumental du site, l’immensité de la salle d’audience et de la salle du trône, dite salle aux 100 colonnes étaient bien faites pour impressionner les vassaux du Grand Roi. Le choix du site de Persépolis n’avait rien d’arbitraire : construite pour symboliser la puissance des souverains Achéménides, la ville ne pouvait, dans ce sens, que profiter de son isolement géographique. Le trajet effectué chaque année depuis Suse, la capitale administrative située à plus de 500 kilomètres, devait être long et difficile, et devait certainement accentuer l’effet recherché.
Une chronologie précise de la progression des travaux de Persépolis, qui s’échelonnèrent sur une soixantaine d’années, a pu être établie grâce aux nombreuses inscriptions et tablettes retrouvées sur place. La terrasse, l’Apadana, les escaliers monumentaux et le palais de Darius ont tous été construits pendant le règne de Darius. Xerxès y rajouta la grande Porte des Nations et son propre palais (le hadish) ; il commença également les travaux sur la salle des Cent Colonnes, travaux qui furent terminés sous Artaxerxès Ier. Toutes les pièces de charpenterie étaient en cèdre du Liban. Au-dessus du plafond, on recouvrait les toits avec une couche de terre servant d’isolant contre la chaleur. La construction de Persépolis ne fut jamais véritablement menée à son terme et plusieurs bâtiments, dont le palais d’Artaxerxès III, demeurèrent inachevés.
Des fouilles entreprises dans la plaine environnante ont révélé l’existence de constructions au pied de la terrasse et il est probable qu’il existait là une ville basse ; quelques prêtres et une garnison de soldats devaient certainement habiter sur place à l’année pour l’entretien et la protection des bâtiments.
En janvier de l’an 330, Alexandre le Grand entra à Persépolis, qui se rendit sans opposer de résistance. La ville fut pillée et le trésor royal emporté mais les bâtiments furent laissés intacts, sous la garde d’une garnison de soldats macédoniens. La suite de l’histoire fait l’objet de nombreuses controverses : Alexandre a-t-il délibérément mis le feu au palais pour venger la destruction des temples d’Athènes par les Perses en 480 av. J.-C., ou bien s’agit-il d’un incendie accidentel qui se serait produit pendant une des orgies du conquérant ? Il est certain qu’il n’était pas dans les habitudes d’Alexandre de détruire les villes conquises, et l’on sait qu’il manifesta du respect pour son ennemi vaincu, Darius III Codoman, ainsi que pour la sépulture de Cyrus.
Selon certains auteurs persans, le palais ne fut pas abandonné immédiatement. Le satrape Penceste y sacrifia aux mânes de Philippe et d’Alexandre. Ardéchir Ier y demeurait quand il se révolta contre les Parthes. Sapor II déporta six mille habitants de la ville pour repeupler Nisibin qu’il avait détruite. La destruction totale et l’abandon qui suivirent ne datent que du début de l’hégire.
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L’Apadana était la grande salle d’audience où le souverain recevait ses vassaux. Sa construction fut commencée par Darius Ier mais ne fut terminée que sous le règne de Xerxès. Dans cette immense salle carrée de 75 mètres de côté se dressaient six rangées de six colonnes ; chaque colonne, haute de près de vingt mètres, était surmontée d’un chapiteau en forme de griffons, de taureaux ou de lions adossés. Sur trois côtés de l’apadana s’ouvraient des portiques de deux rangées de six colonnes ; sur le quatrième côté se trouvaient des chambres annexes.
Deux escaliers monumentaux, situés au nord et à l’est, permettent d’accéder à la terrasse de l’apadana. Tous deux sont entièrement décorés de bas-reliefs, exceptionnellement bien conservés. Cet escalier est sans aucun doute l’une des œuvres d’art les plus remarquables de l’époque achéménide. Elle illustre l’une des cérémonies qui se déroulaient peut-être lors des fêtes du Nouvel An (la grande procession des représentants des diverses nations vassales devant le souverain achéménide et la présentation de leur tribut) ou bien il s’agit d’une représentation symbolique exaltant l’empire.
Au centre, entre les rampes de l’escalier se tiennent huit gardes, en deux groupes affrontés. Au-dessus d’eux est représenté le symbole du dieu Ahura-Mazda, un disque solaire ailé, et de chaque côté, une même scène d’un lion attaquant un taureau. Sur les murs latéraux, la surface est divisée en trois rangées superposées : à droite de l’escalier, de longues files de gardes perses et mèdes accompagnés de la cavalerie, de l’infanterie et des archers ; à gauche, la procession des tributaires des pays vassaux, chaque groupe accompagné d’un personnage perse ou mède.
L’identification exacte des tributaires est difficile en l’absence d’inscription. On se fonde généralement sur le costume des personnages, les objets et animaux amenés en tribut et aussi par comparaison avec d’autres représentations. Les délégués sont précédés par un huissier, vêtu à la perse, qui tient par la main le chef de la délégation et le mène devant le roi. Les vingt-trois délégations sont par ordre :
les Mèdes (vêtements, vaisselle et chevaux), puis les Susiens (1 lionne et ses lionceaux), les Arméniens (1 étalon et des amphores), les Ariens (1 peau de léopard, des bols, 1 chameau), les Babyloniens (vêtements, vaisselle, 1 buffle), les Lydiens (vaisselle, bracelets, char et chevaux), les Arachosiens d’Afghanistan (vaisselle, peau, 1 chameau), les Assyriens (vaisselle, outres, 2 béliers), les Cappadociens (vêtements, 1 cheval), les Égyptiens (vêtements, 1 taureau), les Scythes Sakas (vaisselle, bracelets, dague, 1 cheval), les Ioniens (vêtements, ballots, vaisselle), les Parthes (vaisselle, 1 chameau), les Gandhariens (bouclier, lances, 1 buffle), les Sagartiens (vêtements, 1 cheval), les Scythes Haumavarga (armes, cheval), les Indiens (haches, sacs remplis, 1 zèbre ?), les Scythes européens (épieux, boucliers, 1 cheval), les Arabes (robes, 1 dromadaire), les Drangiens (épieux, bouclier, 1 taureau), les Libyens (charriot, 2 chevaux, 1 bouquetin), les Nubiens (défenses d’éléphant, 1 okapi)
A gauche de l’escalier ouest de l’apadana un autre escalier, plus petit mais également décoré de bas-reliefs, conduit au Tripylon. Parmi les motifs des bas-reliefs on retrouve une variation du thème du lion attaquant un taureau, un sphinx et des processions de gardes et de dignitaires. Les embrasures des portes nord et sud du Tripylon montrent le roi Darius suivi de deux serviteurs tenant l’un un chasse-mouches et l’autre un parasol. L’embrasure de la porte orientale représente le roi assis sur son trône sous le symbole ailé d’Ahura Mazda, soutenu par les 28 nations vassales.
Persépolis a été édifiée sur une vaste terrasse de 450 m de long sur 300 m de large, autrefois surmontée d’un haut mur d’enceinte fortifié. La plupart des bâtiments sont concentrés sur une terrasse aménagée au pied de la montagne. L’unique point d’accès était, à l’origine comme aujourd’hui, l’escalier monumental à deux doubles volées symétriques qui mène à la Porte des Nations.
Cette porte, construite par Xerxès Ier, forme une salle carrée à quatre colonnes (dont deux sont encore visibles) avec des ouvertures sur trois côtés.
Les portes est et ouest sont flanquées de paires de sculptures gigantesques de taureaux et de taureaux ailés à tête humaine, fortement influencés par l’art assyrien. (En Assyrie, cependant, ces taureaux sont dotés de cinq jambes au lieu de quatre ici.) Ils portent la tiare royale des vieux princes de Chaldée (toque couronnée d’un rang de plumes). Le caractère divin de l’animal est transcrit par les cornes placées autour de la tiare. La porte sud de la Porte des Nations permet de gagner directement l’Apadana, tandis que la porte ouest donne sur une large avenue qui mène à une seconde porte monumentale - inachevée - et à la salle des Cent Colonnes.
La plus grande salle de Persépolis est celle dite des Cent Colonnes ou encore salle du Trône. Ce fut Artaxerxès Ier qui en acheva les travaux. Il est probable qu’une importante cérémonie s’y déroulait : en effet, le portique nord de la salle donne sur une vaste place de quelque 4000 m² derrière laquelle se trouve une porte monumentale restée inachevée : à cet endroit aboutit l’avenue qui part de la Porte des Nations. Cette salle faisait peut-être office d’entrepôt des tributs. Après avoir défilé dans la grande place, les porteurs de tribut auraient déposé leurs présents aux pieds du roi, assis dans la salle.
Le palais de Darius est aussi appelé le tachara. Également achevé par Xerxès, ce bâtiment est composé d’une salle centrale à colonnes entourée de chambres plus petites. La salle centrale est parfois appelée « salle des miroirs » en raison de la surface polie de ses pierres. Les portes qui y mènent sont décorées de grands bas-reliefs du roi combattant un lion, un taureau et une chimère, ainsi que de serviteurs apportant divers objets. Les escaliers ouest et sud du palais sont ornés de bas-reliefs de gardes et de vassaux avec leurs offrandes.
L’escalier sud du tachara permet d’accéder au palais inachevé d’Artaxerxès III, très mal conservé, et au palais de Xerxès, le hadish, construit sur la plus haute terrasse du site. Il s’agit encore une fois d’une salle carrée, de 36 colonnes, entourée de chambres annexes et avec un portique de 12 colonnes du côté nord. Quelques bas-reliefs des portes subsistent et représentent le roi suivi de serviteurs portant des parasols, des flacons et des encensoirs. Depuis le hadish, l’on accède au « harem », construit par Xerxès et laissé inachevé (la fonction exacte de ce bâtiment n’est pas claire ; il s’agissait peut-être d’entrepôt pour la trésorerie).
Deux tombeaux ont été creusés dans la montagne au-dessus de Persépolis : celui d’Artaxerxès II et celui d’Artaxerxès III. Ces tombeaux, de même forme que ceux de Naqsh-e Rostam, sont décorés sur la façade extérieure de bas-reliefs montrant le roi soutenu par les 28 nations vaincues, devant un autel du feu ; au-dessus de lui sont représentés le symbole ailé d’Ahura Mazda, la lune et le soleil. Tout au sud de la terrasse, un troisième tombeau, celui de Darius III Codoman est resté inachevé.
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Dernière mise à jour : 7 juillet 2020 2005-2024 © Clio la Muse |