Asie Centrale
Scythes

L’art scythe

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Un art animalier

© Bruce White
Sanglier en or.

L’art scythe est essentiellement animalier : il réussit à reproduire toutes les poses qu’un animal peut prendre avec un extraordinaire sens du mouvement. Ce trait se retrouve chez tous les peuples de la steppe mais jamais il n’égale la perfection des Scythes. C’est un art populaire, pratiqué par la communauté toute entière comme en témoignent les pièces de harnachement des chevaux où le style scythe animalier est le plus manifeste. Ce peuple de nomades a privilégié la représentation des animaux réels qu’il pouvait observer quotidiennement dans la steppe ou d’animaux mythiques composites comme le griffon.

© Musée de l’Ermitage
Décoration de bouclier scythe.

Parmi les animaux réels, il faut souligner une prédilection pour les cervidés, représentés sur les objets courants ou sur de splendides bijoux, avec de très longues cornes s’étendant en arrière sur toute la longueur du corps de l’animal. Cette prééminence du motif du cerf est peut-être à rapprocher de certaines croyances considérant cet animal comme le conducteur des âmes vers l’au-delà . Outre les cervidés, les animaux le plus souvent représentés sont le léopard, les oiseaux, et notamment les rapaces, le sanglier, l’ibex, l’ours, le loup et les poissons.

Bijoux et objets courants

© Bruce White
Pectoral en or de Tolstaïa Moguila - Musée de Kiev.

Les réalisations artistiques scythes traduisent un goût prononcé pour l’or. L’extraordinaire quantité d’objets en or retrouvés dans les kourganes a de quoi étonner plus d’un archéologue : diadèmes, colliers, ceintures, bracelets, boucles d’oreille, bagues, torques, pendentifs, amulettes, perles, boucles... Sur la plupart des défunts, on a retrouvé des pendants d’oreille et bien souvent des bagues à tous les doigts. L’or était utilisé pour décorer les armes, la vaisselle, les vêtements.

Cet or provenait certainement des gisements réputés des monts Altaï. Bien que la vie nomade ne permettait pas l’établissement d’artisans à demeure, les Scythes surent remarquablement maîtriser les techniques de l’orfèvrerie : travail au repoussé, bijoux cloisonnés...

D’innombrables objets de la vie courante sculptés ou découpés dans le bois, la corne et le cuir témoignent des préoccupations esthétiques du peuple scythe. Seule exception, la poterie dont les productions locales étaient assez ordinaires d’où le recours à l’importation de poteries grecques.

Influences artistiques

Certains des objets retrouvés sont vraisemblablement issus de butin de guerre ou de cadeaux faits par les souverains voisins pour acheter la paix avec ces turbulents nomades. Il semble ausi que des artisans d’origines étrangères (Assyriens, Ourartéens, Grecs) s’étaient installés en Scythie même : ils développèrent un artisanat plus pécifiquement scythe, enrichi d’éléments proche-orientaux.

© Musée de l’Ermitage
Kelermes : emblème de bouclier en forme de léopard - Or, émail et d’ambre - Fin VIIe début VIe av. J.-C.

L’art scythe conjugue l’art animalier des peuples de la steppe avec des influences perses (incrustations de pierres précieuses dans les bijoux) et hellénistiques (représentation des figures humaines). Il présente ainsi une certaine parenté avec celui des Cimmériens, des Mèdes et celui de la civilisation du Luristan, ce qui est assez naturel en raison de leur parenté ethnique. Même lors de contacts très brefs avec d’autres civilisations, les Scythes en retiraient un enrichissement : on a retrouvé des statuettes du dieu égyptien Bès jusqu’en Sibérie et des représentations de la fleur de lotus à Kiev et à Pazyryk.

L’art scythe survivra à ces créateurs en inspirant à son tour les créations artistiques des peuples de la steppe qui apparurent ultérieurement mais aussi en influençant le style artistique de civilisations sédentaires (Chine, Vikings, Celtes et même Mérovingiens). De nos jours, les nomades des steppes subarctiques continuent à reproduire le motif, fréquemment utilisé par les orfèvres scythes, de l’aigle enlevant un cerf.


 




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  Dernière mise à jour : 18 février 2009
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