Monde Grec
Troie

Le site de Troie



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Depuis le début du XIXe siècle, les archéologues étaient convaincus qu’il fallait localiser le site de l’ancienne Ilion sur la colline d’Hissarlik, entre autres raisons parce que c’est là que se dressait le sanctuaire d’Athéna Ilias, mais c’est à Heinrich Schliemann qu’il revient d’avoir fouillé le site en premier.

Il apparaît que les importants vestiges mis au jour jusqu’à présent concernent uniquement l’acropole de Troie et que cette citadelle dominait un site infiniment plus vaste. De ce point de vue, on peut établir un parallélisme intéressant avec le palais de Minos à Cnossos. Les vestiges découverts à Troie couvrent une période longue de plusieurs millénaires, qui va de 3000 avant notre ère au VIe siècle de notre ère. Schliemann parvint à localiser sept couches correspondant à sept cités différentes qui s’étaient succédées au fil des siècles sur la colline. Les recherches menées ultérieurement permettront de préciser la stratigraphie du site et de porter à quarante six les strates identifiables sur l’acropole d’Hissarlik.

© Jean Savaton
Rampe pavée dans les ruines de Troie.

Troie I (3000-2500 av. J.-C.)

Les vestiges de cette période, essentiellement d’importantes murailles situées au nord-ouest de la colline, ne présentent aucun point commun avec les anciennes cultures anatoliennes connues (Catal Hà¶yà¼k, Hacilar  ). Troie I fut entièrement détruite par un incendie. On y a retrouvé quelques objets en bronze. La « maison 102 » rappelle les constructions minoennes et mycéniennes de type mégaron   : un portique   précède une grande salle à foyer central.

Troie II (2500 - 2200 av. J.-C.)

Cette période se caractérise par des éléments de culture égéenne comme l’importation de céramiques grecques. C’est à cette période qu’appartient le « trésor de Priam ». Troie est alors un petit royaume assez riche comme l’atteste quelques six cents puits à provision et un mégaron.

Plaine et ruines de Troie.

Les maisons sont en briques crues séchées au soleil et les constructions urbaines sont alors planifiées : les maisons ont été juxtaposées les uns à côté des autres pour former une façade continue. Au centre, s’élève un mégaron plus grand (40 mètres par 13) avec des murs épais de 1,50 m, ce qui laisse supposer que le bâtiment comportait deux étages. Les remparts sont renforcés et de grandes rampes pavées mènent aux portes principales. Au niveau artisanal, cette culture connaît l’usage du tour et du four pour la poterie. Vers 2200, ces établissements ont fait l’objet d’une destruction vraisemblablement d’origine naturelle.

Troie III (2200 - 2050 av. J.-C.) et Troie IV (2200 - 2050 av. J.-C.)

Les remparts atteignent 10 mètres d’épaisseur. Des maisons en pierres plus vastes font leur apparition. L’artisanat se caractérise par l’apparition de vases anthropomorphes. La cité connaît alors un développement des activités pastorales, comme l’atteste la présence de nombreuses fusaïoles nécessaires à l’industrie du tissage. La ville est peut-être détruite par un séisme.

Troie IV (2050 - 1900 av. J.-C.)

La ville présente une architecture comparable à celle de Troie II et des objets semblables à ceux de Troie II et III. On note l’apparition de fours à coupoles et de maisons à quatre pièces. Globalement, la ville semble moins prospère avec un abandon temporaire du site en fin de période.

Troie V (1900 - 1800 av. J.-C.)

La ville connaît un nouvel essor : elle est entièrement reconstruite sur un plan urbain plus régulier où se développent de vastes demeures. On note la première apparition d’ossements de chevaux.

Troie VI (1800 - 1300 av. J.-C.)

Durant la phase VI de Troie, qui correspond sans doute à la période homérique, la ville mesurait quelque 80 000 mètres carrés, soit cinq fois la superficie de l’acropole. C’est l’âge d’or de la ville. C’est de cette époque que date la grande enceinte murée et un palais royal situé à l’emplacement du futur temple d’Athéna Ilias. Troie est alors occupée par un peuple de culture indo-européenne (apparition d’une céramique dite minyenne) qui développe considérablement l’activité du bronze et pratique l’incinération comme rite funéraire.

Ruines de Troie.

On y a découvert des œuvres d’art crétoises et des fragments de céramique chypriote, ce qui laisse entendre qu’il existait des relations commerciales entre ces états. La majorité des maisons ont alors une forme trapézoïdale, la base tournée vers les remparts. Elles s’étalent en cercles concentriques déployés en éventail du nord au sud. La cité aurait pu abriter au moins 6 000 habitants. Des fissures et des traces d’incendie dans les remparts indiquent qu’un tremblement de terre a détruit la cité de Troie VI vers 1275 av. J.-C. et que trente ans plus tard la cité a subi une nouvelle destruction, intentionnelle cette fois.

Des os d’animaux mis à jour indiquent que les Troyens élevaient des moutons, des bovins, des porcs et des chevaux, tandis que des grains carbonisés suggèrent qu’ils cultivaient de l’orge dans les vallées marécageuses. La cité possédait une industrie lainière florissante et commerçait à travers toute l’Asie centrale : elle importait des chevaux des steppes situées au-delà de la mer Noire et de l’étain d’Afghanistan.

Troie VII (1300 - 1100)

Cette couche archéologique fait apparaître des objets de céramique à protubérances typique des peuples thraces. La ville semble un peu moins riche mais les fortifications sont entièrement restaurées. Les ruines de petites maisons resserrées dénotent qu’une population croissante s’entassait à l’intérieur de l’enceinte, tandis que des jarres, emplies de provisions alimentaires et cachées, laissent penser à certains chercheurs que la population se préparait à tenir un siège. Est-ce cette Troie-là que les assiégeants grecs ont fini par mettre à sac ? Ce qui est sûr c’est qu’un incendie détruisit cette cité et que le site resta inoccupé pendant près de quatre siècles.

Ruines de Troie.

Troie VIII (700 - Ier siècle av. J.-C.) et Troie IX (Ier siècle av. J.-C. - 400 apr. J.-C.)

Ces deux niveaux correspondent aux occupations grecques et romaines. les Eoliens réoccupèrent le site vers le VIIe siècle et fondèrent Ilion. Au VIe siècle, la ville est soumise aux Perses. Au IVe, Lysimaque, lieutenant d’Alexandre, reconstruisit la ville et la nomma Nouvelle-Ilion. Elle est dévastée en 86/85 av. J.-C. par Fimbria un partisan de Marius. Jules César ordonna sa reconstruction car il voulait honorer la patrie d’Enée dont il prétendait descendre. La ville romaine se développera en partie dans la plaine tandis que l’acropole accueillera le grand temple d’Athéna Ilias. De cette époque demeurent les thermes, un bouleterion  , un théâtre et quelques habitations.

 


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  Dernière mise à jour : 25 août 2007
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