Aujourd’hui Tell Mardikh en Syrie. Cité du pays d’Amourrou dont le nom était cité dans d’anciens textes sumériens et akkadiens du IIIe millénaire et des documents Assyriens, hittites et égyptiens.
C’est une civilisation d’influence sémite, parlant une langue proche de l’akkadien dont l’essor est peut-être lié à l’expansion d’Ourouk. Les textes d’Ebla mentionnent beaucoup plus souvent les cités de Mésopotamie (notamment Kish) que celles du rivage méditerranéen. Cependant, des cadeaux envoyés par les pharaons Képhren et Pépi Ier ont été retrouvés dans les vestiges du palais, ce qui signifie qu’il existait des contacts entre Ebla et l’Égpyte.
Entre 3000 et 2350 av. J.-C., la culture protosyrienne d’Ebla s’élabore peu à peu et s’affranchit du monde mésopotamien. A cette époque, Ebla commerce avec Chypre et la Crète notamment ; des comptoirs éblaïtes sont ouverts dans les villes de Mésopotamie. Ebla exporte des tissus de laine contre des métaux (du cuivre notamment) et des pierres précieuses (lapis-lazuli venant de l’Afghanistan actuel). La richesse de la cité provenait de ses ressources agricoles (orge, huile d’olive) et surtout d’importants troupeaux de moutons dont la laine devait alimenter une forme d’industrie textile.
Les fouilles archéologiques, menées par des équipes italiennes, ont révélées l’existence d’un État qui devait être dans la deuxième moitié du IIIe millénaire, vers 2400 - 2350 av. J.-C., l’un des plus importants de la Haute Syrie. Ebla parvint même à s’emparer de Mari. L’ensemble est détruit vers 2250 avant J.-C. par Naram Sin, petit-fils de Sargon d’Akkad. Vers 1800, Ebla devient tributaire du royaume de Yamkhad dont Alep était la capitale. La ville est finalement détruite par les Hittites vers 1600 av. J.-C.
Ebla était une cité fortifiée entourée de fortes murailles constituées de blocs taillés. Une acropole, presqu’au centre, domine la ville basse construite en brique crue. Cette acropole regroupe des temples et le palais royal. Ce dernier, appelé palais G, est contemporain du premier palais de Mari, et date du IIIe millénaire. C’était le centre administratif, financier et diplomatique d’un État puissant. Les fouilles ont révélées une grande cour des Audiences, vaste place rectangulaire bordée de portiques. Sous le portique nord devait se dresser un podium destiné au trône royal. Côté est, un escalier monumental donnait accès aux quartiers résidentiels et à la salle des Archives. Côté ouest, devaient se dresser des magasins aujourd’hui complètement détruits.
C’est dans la salle des Archives que l’on a retrouvé un lot de 15 000 tablettes cunéiforme en sumérien archaïque, dont 2 000 quasiment intactes, qui ont été cuites, donc préservées, lors de l’incendie de la cité. Elles étaient placées sur des étagères en bois. Elles constituent les seuls textes connus du IIIe millénaire avec ceux retrouvés à Babylone et en Égypte. Elles nous renseignent sur la population, la langue, l’administration, l’économie, la religion et l’organisation sociale de l’époque. On sait ainsi que la ville disposait d’un troupeau de 200 000 têtes d’ovins, caprins et bovins et qu’elle disposait d’un artisanat actif.
Les archéologues ont aussi retrouvés de nombreux objets en bas-reliefs en calcaire, bois, or et lapis-lazuli ainsi que des sculptures en stéatite et des vases en diorite.
L’organisation politique de l’État n’est pas très sûre : il s’agissait peut-être d’une communauté de cités sans lien hiérarchique. Ce qui est sûr c’est que l’influence politique d’Ebla s’étendait, au-delà de son territoire propre, dans le bassin du fleuve Balikh et dans la région du fleuve Khabour. Plusieurs cités situées au bord de l’Euphrate lui ont versé un tribut dont Mari. Les textes ont permis d’identifier cinq « rois » ou personnages de haut rang : Igrish-Halam, Irkab-Damu, Ar-Ennum, Ebrium et Ibbi-Sipish. Plusieurs textes nous apprennent que les fils d’Ebrium étaient gouverneurs de « cités vassales », en fait de gros villages.
La religion d’Ebla s’organise autour de divinités sémites connues (Dagan, Ishtar, Resheph, Kanish, Hadad) ou inconnues (Koura, Nidakoul). Les divinités sumériennes sont peu représentées hormis Enki et Ninki. L’influence hourrite est perceptible au travers du dieu de la guerre Ashtapi et des déesses Hapat et Ishara. Les cérémonies religieuses qui étaient pratiquées sont mal connues mais les nombreux textes religieux retrouvés ne sont pas sans rappeler ceux des Sumériens. Au début du IIe millénaire, la ville comportait deux temples dans la ville basse et un grand temple dédié à sur le rebord ouest de l’Acropole.
Accueil | Plan
| Crédits
| Frise chronologique
|
  |
Dernière mise à jour : 16 mars 2008 2005-2024 © Clio la Muse |