Un grand soldat, sorti du rang
Les origines d’Aurélien étaient modestes. Son père était un paysan qu’un certain sénateur Aurelius avait affranchi. Ancien légionnaire, il avait reçu en fin de carrière quelques terres à cultiver. Sa mère était prêtresse du Soleil dans un bourg de Panonie.
Il se distingua bientôt par son adresse et son intelligence. La vie militaire accusa la fermeté de son caractère. Son idéal était l’action et sa destinée la guerre. Il avait la passion de la discipline. Il fuyait les plaisirs. Les jeunes recrues composaient en son honneur des poèmes et des danses militaires qu’ils exécutaient les jours de fête. Les vieux légionnaires qui le connaissaient bien lui avaient fabriqué une légende. Ils l’appelaient « Aurelianus manu ad ferrum ».
Quand il prit du service dans les légions, Sévère Alexandre, qui venait de mourir, laissait l’empire dans un état de totale anarchie militaire. Aurélien profita de cette anarchie. En 254, Valérien le nomma Dux et le chargea d’inspecter et d’organiser les camps des frontières. Puis, par son mariage avec la fille d’Ulpius Crinitus, il entrait dans la famille impériale. Lorsque Valérien tomba entre les mains de Sapor Ier, il conserva sa haute situation sous Gallien, puis sous Claude qui le nomma maître de toute la cavalerie. Et quand Claude mourut, il devint empereur.
Restaurateur de l’empire
Quand il prit le pouvoir, la tâche d’Aurélien s’avérait immense et ingrate. A l’extérieur, trois grandes puissances géographiques s’étaient formées au détriment du territoire de Rome : les Barbares forçaient le Limes Rhétique, de l’autre côté des Alpes, la veuve d’un tribun, Victoria, et un sénateur, Tétricus, avaient soulevé les Gaulois et fondés sans difficulté un empire gallo-romain , quant à Zénobie elle se taillait un empire en Orient aux dépens de Rome. A l’intérieur, l’anarchie militaire amoindrissait l’autorité impériale. Le trésor était à sec, la monnaie dépréciée, le crédit de l’État mal en point.
Il s’occupa d’abord de la situation extérieure. Il fit respecter la frontière danubienne par les Goths. Mais, pressé par le nombre des envahisseurs, il abandonna la Dacie. Des hordes d’Alamans ayant franchi les Alpes et descendant la vallée du Pô, Aurélien marcha à leur rencontre mais se laissa bêtement surprendre et battre à Plaisance avec l’élite des troupes danubiennes. A cette nouvelle, des désordres éclatèrent à Rome. Le parti sénatorial, mécontent, voulut profiter de l’échec d’Aurélien pour le renverser. Aurélien lui demanda de consulter les Livres Sibyllins . Rome fut solennellement purifiée et Aurélien fit célébrer la procession expiatoire de l’amburbium. Chaque jour des victimes furent offertes aux dieux.
S’étant ainsi mis en règle avec les divins protecteurs de Rome, Aurélien regroupa ses légions et repartit contre les Barbares. Cette fois il fut vainqueur, profitant des fautes que l’ennemi accumulait. Il écrasa les tribus de Germanie ramenant la paix sur le Danube et la confiance à Rome. Aurélien déclara ensuite la guerre à Tétricus, qu’il vainquit facilement. De retour dans la capitale, il châtia sans pitié les sénateurs qui avaient ameuté la populace contre lui. Il remit de l’ordre dans l’administration. Il construisit un mur d’enceinte autour de Rome et décréta la réforme agraire.
A la poursuite de la reine Zénobie
C’est l’auteur antique Zosime qui a relaté avec le plus de détails la lutte entre Aurélien et Zénobie, affrontement qui n’est pas sans rappeler celui d’Auguste contre Cléopâtre. Aurélien s’empare facilement d’Antioche et d’Emèse mais doit mener un très long siège devant Palmyre. Aurélien, qui devait prendre, quelque temps après cette victoire, le nom d’Aurelianus Persicu Palmyrenicus Arabicus interdit à ses soldats de détruire Palmyre.
Aurélien ne doutait pas que le bruit de la prise de Palmyre et de la captivité de Zénobie n’inspirât une crainte salutaire à tous les peuples de l’Orient et ne rendît au nom de Rome son éclat d’autrefois. C’est ce qu’il advint. Aurélien profita de sa victoire pour imposer aux Sassanides un traité dont les clauses essentielles stipulaient sa reconnaissance de la frontière romaine de l’Euphrate, sa neutralité absolue dans les affaires d’Orient, la liberté de la route de la soie, et la sécurité des caravanes passant par la Perse pour venir à Palmyre.