Asie Mineure |
L’Ionie |
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L’Ionie comprenait tant sur le continent que dans les îles, douze cités : Priène, Milet, Ephèse, Colophon, Myonte, Lébédos, Téos, Clazomène, Erythrée , Phocée, Chios et Samos. Halicarnasse, en Eolide, les rejoignit après avoir été chassé pour impiété.
Partout, c’était le même goût du luxe et des produits de qualité, le goût des banquets et des courtisanes élégantes et cultivées qu’évoquent les korai de la statuaire athénienne, témoins de la civilisation la plus voluptueuse et la plus raffinée qu’ai connu la Grèce.
Son peuplement était issu de la deuxième vague de migration achéenne. Originaires d’Eubée , d’Attique et d’Argolide, les émigrants occupèrent les Cyclades et s’installèrent au sud de l’Éolide. C’était un mélange d’Achéens, de Doriens et de populations préhelléniques. La tradition rapportait pour chaque cité plusieurs fondations correspondant aux arrivées successives des émigrants. Le bon contact avec les populations indigènes facilita l’installation : les mariages mixtes devinrent fréquents.
Les cités grecques étaient souvent limitrophes, les disputes frontalières devinrent un éternel sujet de conflit entre Priène, Milet et Samos. Les cités étaient indépendantes. Chacune avait son organisation et son gouvernement. L’évolution politique fut la même que sur le continent grec : d’abord des royautés qui cèdent la place à des tyrannies.
Autonomes, les cités n’en avaient pas moins le sentiment d’une origine commune dont témoigne la communauté de dialecte. Aussi se groupaient elles en associations religieuses autour d’un sanctuaire commun, le Panionion situé à Priène. Au VIe siècle, l’Ionie avait une réelle unité qui se traduit dans le langage utilisé.
Les côtes ioniennes offraient de nombreux emplacements pour de bons ports. Le climat, optimal selon Hérodote, les vallées largement ouvertes permettaient la culture de céréales et l’élevage des chevaux. Les plateaux semi-désertiques permettaient l’élevage des moutons. Les pentes des collines se couvrirent d’arbres fruitiers et d’oliviers.
Les communications avec l’arrière-pays étaient aisées. Chaque vallée s’ouvrait aux caravanes venues du monde oriental par la route royale. Les cités d’Ionie connaissaient une activité florissante, remplies de marchands affairés.
Au VIe siècle, il n’est pas une région grecque qui puisse rivaliser avec l’Ionie pour sa richesse économique et le développement intellectuel. Mais cette brillante civilisation était fragile. A demi-orientaux, les Ioniens étaient de mauvais soldats, peu endurants, peu entraînés. Les cités étaient trop souvent désunies ; les routes commerciales nombreuses et aisées facilitèrent aussi les invasions.
Or les voisins des Ioniens étaient des puissances ambitieuses et entreprenantes et l’Ionie se trouvait particulièrement exposée aux raids militaires de ces voisins. Passant peu à peu sous protectorat lydien, puis sous domination perse après la victoire de Cyrus sur Crésus, les cités furent progressivement occupées par des garnisons et devaient payer tribut. Mais les Perses leur laissaient une certaine autonomie : ils soutenaient les tyrans locaux sans intervenir dans leurs affaires intérieures.
Cette perte d’indépendance stoppa l’essor intellectuel de la civilisation ionienne. Dès 540, les communautés ioniennes commencèrent à émigrer massivement. De nombreux grecs d’Asie émigrèrent vers le continent : les habitants de Téos émigrèrent en Thrace, ceux de Phocée en Corse. Bias de Priène avait d’ailleurs conseillé aux Ioniens de partir en bloc coloniser la Sardaigne. Partout, les émigrants ioniens, marchands, artisans, poètes, penseurs, apportèrent les raffinements d’une culture supérieure, dont la Grèce continentale recueillit l’héritage.
C’est en Ionie que naquit l’art, la science et la littérature hellénique, bénéficiant des enseignements venus de l’Orient. L’architecture s’inspira des statues colossales égyptiennes, des charpentes et toitures lydiennes. Les Anciens avaient comparé l’architecture ionique à la beauté féminine. Dans les temples, une grande place était faite à l’ornementation. Le marbre était le matériau de prédilection de la sculpture ionienne. Le travail du bronze, la céramique n’étaient pas en reste.
L’ordre ionique se caractérise sa légèreté (moins carré, moins mathématique que l’ordre dorique ) : des combles moins lourds, un entablement qui pose simplement la corniche sur l’architrave , des colonnes plus sveltes et élancées ; les bases et les chapiteaux de colonne sont traités de façon plus décorative.
Les six noms les plus fameux de la philosophie au cours du VIe siècle étaient tous des Ioniens : Thalès, Anaximandre et Anaximène étaient de Milet, Pythagore de Samos, Héraclite d’Ephèse et Xénophane de Colophon. Parmi eux, Thalès acquit une telle réputation de sagesse pratique qu’il se trouva par la suite inclus dans la liste des Sept Sages. Dans le cas de Thalès, il est possible que certaines observations astronomiques faites par les Babyloniens lui aient été accessibles mais les progrès qu’il accomplit étaient largement originaux. De même pour Anaximandre. Thalès fut ainsi capable de prédire une éclipse de soleil (sans doute celle de mai 585). A la différence de leurs maîtres, les physiologues ioniens ramènent tout à la mesure de l’homme et le soumettent à l’exercice de la raison. Thalès n’adopta ni l’astrologie, ni la religion babylonienne. La science se substitue désormais à la mythologie.
La littérature grecque apparut en Ionie. Les poèmes homériques ont été composés sans doute en Eolide et ils reçurent leur forme définitive en Ionie. La prose ionienne se répandit rapidement au-delà des limites de l’Ionie. Les écrivains attiques n’en seront que les continuateurs.
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Dernière mise à jour : 25 août 2007 2005-2024 © Clio la Muse |