Arabie & Levant
Nabatéens

Dieux et croyances à Pétra

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© Jean Savaton
Portrait de Dushara ?

Panthéon nabatéen

Les Nabatéens ont adopté certaines divinités de leurs prédécesseurs, comme le dieu Qôs des Edomites, ou de leurs voisins du nord, tel Baalshamîn ou Atargatis. Conformément à la tradition sémitique, les dieux nabatéens ne sont pas nommés autrement que par des épithètes.
Le principal dieu des Nabatéens était Dushârâ, ce qui signifie « celui de Shara », du nom de la chaîne montagneuse culminant à l’est de Pétra. C’est le protecteur de la dynastie royale. Il était assimilé à Zeus sous le nom de Dusarès, à Dionysos ou à Sérapis. Son culte était célébré à Pétra dans le temple de Qasr el-Bint. Sa parèdre féminine est Al-Uzza-Atargatis, « la très forte », déesse de la fertilité, de la végétation et des eaux, assimilée à Isis (représentée sur le Khazneh) et à Aphrodite chez les Grecs. Selon Lucien de Samosate, les adeptes d’Atargatis étaient castrés.

Les Nabatéens adoraient aussi des dieux arabes : Shay’al Qawn, le « pasteur des peuples », « le dieu qui ne boit pas de vin », protecteur des nomades et des caravanes ; la déesse Allât, « la déesse », assimilée à Aphrodite puis à Athéna ; Manawât, déesse du destin assimilée à Némésis et Al-Kutbâ, dit « le Scribe », dieu de l’écriture et de la divination, , assimilé à Nébo chez les Babyloniens et à Hermès chez les Grecs.

Bétyle du temple des lions ailés.

Les bétyles de Pétra

Tous les dieux nabatéens sont le plus souvent figurés sous une forme abstraite par des pierres sacrées appelées bétyles. Ces pierres ne sont pas destinées à représenter le dieu mais à signaler sa présence, ce que traduit l’étymologie sémitique du terme, beth-el, « la maison de dieu ». Généralement, le bétyle n’est pas une représentation figurée, au mieux un visage stylisé aux traits géométriques. Le bétyle repose sur un socle, le môtab qui peut prendre la forme d’une estrade précédée de quelques marches comme sur le haut lieu. Une source byzantine précise que Dushârâ était adoré sous la forme d’une « pierre noire, quadrangulaire et aniconique » sur laquelle on versait le sang des victimes offertes en sacrifice.

Les bétyles sont abondants à Pétra : taillés à même le rocher ou simplement gravés, souvent protégés par une niche. Les bétyles trouvés à Pétra datent sans doute du IIe ou du IIIe siècle av. J.-C. Le célèbre bétyle trouvé dans le temple des lions ailés signale ainsi que ce temple est dédié à al-Uzza.

Les bétyles portent parfois des inscriptions en grec. Avec la diffusion de la culture grecque les statues cultuelles aux décors figurés à la mode hellènistique seront aussi utilisées.

Les rites religieux

© Jean Savaton
Pétra : intérieur du Triclinium.

Tout visiteur de passage à Pétra se devait d’offrir des sacrifices à Dushârâ ou à al Uzza. On offrait à ces divinités des sacrifices sanglants et des fumigations. Ces sacrifices se pratiquaient sur un espace à ciel ouvert, appelé « haut lieu ». Selon des textes chrétiens, les populations arabes de la région pratiquaient encore leur culte dans ce type de sanctuaire au IIIe et IVe siècles. Ces offrandes étaient suivies d’un banquet rituel pratiqué sur place ou dans des salles aménagées dans le rocher. Plus de cinq cents tombeaux ont été dénombrés à Pétra. Les morts, vraisemblablement couchés dans des sarcophages, reposaient sur une banquette du triclinium  , autour de laquelle les convives prenaient place.

Syncrétisme de coutumes bédouines et grecques, les banquets, appelés marzehâ en nabatéen, réunissaient exclusivement des hommes, au nombre de treize (à comparer avec les repas réunissant Jésus et ses douze apôtres) en incluant l’hôte . Celui-ci, quel que soit son rang, servait ses invités (coutume bédouine).

On y buvait du vin (coutume grecque) en écoutant des chanteuses, le nombre de coupes à boire étant fixé à l’avance par l’hôte ou le convive le plus prestigieux. D’autres banquets étaient organisés en l’honneur des défunts, coutume fréquente que l’on connaissait à Palmyre.

Ces cérémonies traduisent bien l’estime que les vivants portaient à leurs morts auxquels ils offraient aussi des dépôts funéraires (vases en céramique, lampes à huile, figurines de terre cuite, bijoux, pièces de monnaie...). Les sépultures étaient protégées par des malédictions qui frapperaient tout pilleur éventuel. Les morts étaient enterrés la tête tournée vers le sud, couverts d’un linceul taillé dans des vêtements usagés ou en cuir. Il s’agissait de tombes individuelles, fosses rectangulaires recouvertes d’une dalle, ou de fosses collectives constituées de puits compartimenté en loculi individuels. On a aussi retrouvé des des sarcophages en pierre ou en bois, des traces d’incinération ou d’ensevelissement dans la chaux.


 




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  Dernière mise à jour : 9 juillet 2020
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