Asie Centrale
Kouchans

La civilisation kouchane

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Les Kouchans se présentaient systématiquement comme des Iraniens d’Asie Centrale mais ils érigèrent une société éclectique aux influences culturelles grecques, iraniennes et indiennes.

Les Kouchanes restèrent longtemps fidèles aux us et coutumes de leur passé nomade. Leur vêtement, tel que nous le connaissons avec précision par les monnaies et par les statues de Kanishka trouvées à Mathura et à Surkh Kotal, est fait d’un grand manteau fermé par une agrafe placée haut sur la poitrine et largement ouvert vers le bas pour permettre de monter à cheval ; ils portent des pantalons serrés aux chevilles, des bottes de feutre et leur coiffure est le bonnet conique des Scythes. Et, comme les Scythes, ce sont des cavaliers-archers, tenant un fouet et portant la barbe et les cheveux hirsutes.

Le souverain kouchan dispose du pouvoir universel. On ignore totalement le mode d’administration de son empire. Son titre de Fils de Dieu, ou de Fils d’un dieu, se retrouve chez tous les peuples de la steppe, sans doute par imprégnation de la culture chinoise. Par contre, la déification du roi, nommé Roi-Dieu Kanishka, et le culte qu’on lui rend ainsi qu’aux divinités protectrices dans les sanctuaires dynastiques, à Surkh Kotal ou à Khaltachayan (Ouzbékistan) par exemple, est une originalité kouchane. Ces temples dynastiques sont gigantesques, iraniens par leur situation au sommet des collines, grecs par leur décor.

L’art dynastique kouchan est assez raide et massif : l’empereur y est toujours représenté en cavalier.

Sous la domination kouchane, les villes se développent considérablement : les anciennes colonies grecques deviennent des villes à part entière, comme Termez, et de nouvelles cités sont créées. Contrôlant les grands pôles commerciaux de Bactres, Begram, Peshwar, Mathura et les ports de la vallée de l’Indus, ils assurent la sécurité des échanges sur un tronçon de la Route de la Soie. Le roi Vima Kadphises entreprit une réforme monétaire (substitution du bi-métallisme bronze-or au bi-métalllisme bronze-argent) qui favorisa les échanges. L’essor économique et politique des Kouchans s’accompagne du développement de l’irrigation et d’une large diffusion de l’instruction et de l’écriture.

La langue kouchane a dû naître d’un ancien dialecte bactrien, écrit en grec, bien qu’à l’origine on lui envisagea une origine saka. Reconnue comme langue internationale, elle ne parvint pas à détrôner le sogdien puisqu’il continua à être utilisé, mais elle devint l’idiome officiel, qui fut utilisé à l’exclusion de tout autre sur les monnaies.

L’empire kouchan fut aussi le lieu de convergence de toutes les grandes religions de l’époque : zoroastrisme, hindouisme, bouddhisme et panthéon grec. Durant le règne de Vima Kadphisès, les Kouchans adoptèrent le culte des divinités hindoues, en particulier celui de Shiva dont le roi se présentait comme un fervent dévot. On peut donc dire des Kouchans qu’ils furent Iraniens en Bactriane et Indiens en Inde.


 




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  Dernière mise à jour : 19 août 2007
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