Asie Centrale |
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Ville antique située au nord de l’Afghanistan, au confluent des rivières Kokcha et de l’Amou-Daria. Elle a été édifiée entre la fin du IVe siècle et le milieu du IIe siècle (voir début du Ier). Le site a été fouillé par une mission française menée par Paul Bernard, entre 1965 et 1978, qui a révélé un palais, un gymnase, un théâtre, des temples et des remparts (4 km de périmètre). Depuis, le site a été massivement pillé par les voleurs.
Naturellement fortifiée sur ses côtés ouest et sud par l’Amou-Daria et la Kokcha, la ville complétait ces défenses naturelles par une citadelle au sud est du plateau , où s’élève la ville haute, et par un rempart épaulé de dix-huit tours sur sa façade nord-est, précédé côté plaine par un fossé. L’enceinte enserrait un espace bien plus grand que celui réellement occupé par l’habitat.
Le choix du site a été guidé par trois raisons : la mise en valeur agricole de la région commencée bien avant l’arrivée des Grecs, l’abondance des ressources minières de l’arrière pays , la position stratégique du site tant par sa topographie que par sa situation géographique aux confins orientaux de la Bactriane et des territoires nomades du nord-est dont il fallait se protéger.
Aï-Khanoum fut peut-être fondée par Alexandre [1]. ou plus probablement à la période séleucide, mais un établissement achéménide précédent n’est pas exclu. Elle fut détruite et reconstruite (Eucratidia) au temps du roi bactrien Eucratide vers 150 av. J.-C. et complètement abandonnée après l’invasion kouchane, vers 130-120 av. J.-C., quoique la citadelle perdura sans doute en raison de sa position stratégique. De ce fait, elle constitue un excellent exemple d’une ville grecque de Bactriane et permet de mieux comprendre comment cette région a servi de relais pour la propagation vers l’Inde du style hellénisant.
Aï-Khanoum était une ville grecque extrêmement importante (150 hectares) et caractéristique du royaume gréco-bactrien : elle commandait la route vers la Chine, par la vallée du Kyzyl-su, et était peut-être un comptoir de commerce (lapis-lazuli, et pierres semi-précieuses).
La ville était à la fois une cité coloniale, le siège d’une administration royale et une métropole de province. Elle s’étend sur deux niveaux : la plaine basse et un plateau plus élevé, les deux étant séparés par une terrasse intermédiaire. La ville haute se dresse sur le plateau supérieur : elle comprenait des habitations modestes, une plate-forme cultuelle, une nécropole d’époque postérieure et la citadelle. C’est dans la ville basse que sont concentrés les édifices publics et religieux ainsi que les quartiers d’habitation suivant l’axe de la rue principale. Outre la nécropole, un important quartier d’habitations et de grands monuments s’étendaient hors de l’enceinte fortifiée.
Une grande rue traversait la ville basse dans sa longueur. Du côté ouest partaient cinq à six rues perpendiculaires à l’axe central sans pour autant qu’on puisse parler de plan hippodamien . Sur le côté est, la terrasse intermédiaire accueillait l’arsenal et le théâtre adossés au rebord du plateau.
Ces édifices sont presque toujours construits en brique carrée séchée au soleil ou en pisé, conformément à la tradition iranienne. La pierre était réservée aux éléments sculptés : colonnes, pilastres et chapiteaux. Les colonnes (ioniques, doriques et corinthiennes) en pierre, certains dallages, le décor des mosaïques de galets, des poteries, des inscriptions témoignent d’une influence hellénistique. Les bâtiments étaient massifs, avec un seul étage et un toit plat. L’éclairage intérieur des pièces était assuré par de petites ouvertures dans la partie haute des murs ou par des lanterneaux sur les toits.
L’ensemble palatial était monumental (250 mètres par 350). On y accédait par des propylées alignés sur la rue principale suivis d’une cour monumentale (100 mètres de côté) bordée de 18 colonnes à chapiteaux corinthiens. De part et d’autre de la cour se dressaient des bâtiments à fonction administrative dont la trésorerie royale où ont été découvert les restes du trésor d’Eucratide. Le palais comportait un plan oriental (les pièces sont séparées par des cours), mais pourvu d’éléments de décor grecs : colonnes à chapiteaux corinthiens, chapiteaux à pilastres de style ionique .
Autour du palais royal se dressait le quartier résidentiel des colons. On y retrouvait des bâtiments typiquement grecs : l’hêroôn de Kinéas dressé sur une longue terrasse qui comportait une cella précédée d’un pronaos et un mausolée dressé sur son podium contenant un caveau de pierre destiné à accueillir les dépouilles de grands personnages de la cité. Le temple principal s’ouvrait lui aussi sur la grande rue. Dans sa dernière mouture, c’était un bâtiment rectangulaire avec podium à l’architecture typiquement orientale. Il renfermait une statue monumentale représentant Zeus-Oromazdès, divinité mixte du panthéon irano-grec, ou Zeus-Mithra. Le gymnase accolé au rempart ouest était de propensions monumentales et comportait deux cours dont celle du nord était entourée de colonnes doriques. Le théâtre, monument emblématique de la culture grecque, comportait 35 rangées de gradins, pouvant accueillir 6000 spectateurs, interrompues à mi-pente par 3 trois loges honorifiques. La scène et le bâtiment de scène étaient en bois.
Les objets d’art trouvés dans les ruines témoignent d’une double tradition, grecque et iranienne. Des orfèvres travaillaient dans les ateliers de la ville puisqu’on a retrouvé leurs modèles, semblables à ceux qui ont été découverts à Begram et quelques œuvres originales : statuettes de divinités copiées sur les revers des monnaies bactriennes, mais dont la technique rustique confirme l’origine locale.
[1] Alexandrie de Bactriane se situerait sur le site d’Andkhoï, quant à Alexandrie de l’Oxus elle serait sur la rive droite de l’Amou-darya en Sogdiane
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Dernière mise à jour : 9 mai 2020 2005-2024 © Clio la Muse |