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Sparte

Economie spartiate

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Sparte passait pourtant pour l’une des cités les moins peuplées de Grèce. En 480, le roi Démarate aurait évalué les Egaux mobilisables à plus de 8 000 mais à la bataille de Leuctres, les Spartiates n’avaient plus que 1 200 hoplites mobilisables. Cette déficience démographique résultait de l’état de guerre incessant de la cité.

Défavorisée par ses côtes, la Laconie n’a que des communications terrestres. Son seul port est Gytheion, mais il est à plus de quarante kilomètres de Sparte. L’originalité de Sparte est donc d’être une grande cité grecque sans être une cité côtière, elle ne peut donc se développer par le négoce. La Laconie une région agricole productrice de blé, de vin et d’huile d’olive. Les montagnes abritent une vie pastorale. L’économie de Sparte est ainsi une économie d’autosuffisance reposant sur l’exploitation des kléroï, quant à l’industrie elle se contente de fournir le marché local.

Les kléroï

La conquête de la Messénie entraîne un partage des terres pour que chaque Spartiate dispose d’un lot nourricier, le kléros, inaliénable (jusqu’au IVe siècle) et indivisible qui doit lui fournir les vivres nécessaires. Selon Plutarque, il y aurait eu 9 000 kléroï à l’origine, lots égaux sinon par leurs dimensions du moins par les revenus qu’ils fournissaient : « Chaque kléros était assez grand pour fournir pour l’homme 70 médimnes d’orge, pour la femme, douze, avec une récolte proportionnée de produits liquides » [1].

A la naissance, chaque citoyen se voyait attribuer un kléros dont l’exploitation était confiée aux Hilotes car la loi interdisait aux citoyens toute activité économique. Les hilotes versaient aux citoyens un revenu fixe (apophora). Ce système de propriété paraît assez utopique car il supposerait une stabilité démographique stricte, ce qui est impossible. De plus, le dispositif d’héritage concernant les filles épiclères aurait du aboutir à une concentration progressive des kléroï. Ce qui est sûr, c’est que ce système foncier ne perdura pas.

Ce ne fut qu’après la Guerre du Péloponnèse qu’on put à Sparte faire un testament et disposer de sa propriété comme on l’entendait. Selon Plutarque [2], ce changement doit être attribué à un éphore nommé Épitadeus qui voulait déshériter son fils.

Sparte et l’argent

En raison de la pénurie de métaux précieux, la circulation monétaire était quasiment inexistante. Les versements se faisaient en nature et selon la légende la monnaie se limitait à l’emploi de broches. Selon Posidonios [3], « l’importation et l’acquisition d’or et d’argent étaient empêchées par les coutumes ». Dans les faits, l’utilisation de l’argent était sans doute réelle à Sparte car il fallait bien payer ses achats à l’étranger, financer les ambassades et rétribuer les mercenaires. Les citoyens avaient le droit d’acheter et de vendre et outre leur contribution en nature ils devaient verser 10 oboles de participation aux syssities. On sait par ailleurs que les Spartiates plaçaient leurs trésors chez les Arcadiens.

La cupidité était un défaut souvent reproché aux Spartiates. Hérodote laisse entendre que les Spartiates étaient largement corruptibles dès le début du Ve siècle. Certains Spartiates accumulèrent des richesses bien qu’ils ne purent le faire qu’illégalement. Financièrement, les citoyens n’étaient pas égaux, il y avait des riches et des pauvres, Aristote évoque l’inégalité entre les propriétés résultant de la concentration des richesses [4] et la vie luxueuse, la mollesse (truphéros) des femmes spartiates [5], mode de vie qui nécessite une certaine richesse. Il y eu d’ailleurs des Spartiates très riches : de 448 à 420, les Spartiates remportèrent 7 fois sur 8 la course de quadrige aux Jeux Olympiques alors que l’entretien et l’entraînement de tels équipages constituaient une dépense fort coûteuse. Après 404, Sparte reçoit près de 1500 talents   de Lysandre auxquels s’ajoutent les tributs versés par les alliés d’Athènes et plus de 1000 talents de butin rapporté d’Asie par Agésilas. Cet afflux massif d’or et dans une cité réputée pour sa rigueur monétaire ne sera pas sans avoir de graves conséquences sociales et contribuer à la décadence du IVe siècle.



[1Plutarque, Vie de Lycurgue, 8.

[2Plutarque, Agis, V

[3Posidonios, Athénée, VI, 233e-f.

[4Aristote, politique, VIII, 67

[5Aristote, politique, II, 9, 6.

 




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  Dernière mise à jour : 28 septembre 2014
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