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Sparte

Hégémonie spartiate

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Profitant de sa victoire à l’issue de la Guerre du Péloponnèse, Sparte installe dans toutes les cités des gouverneurs lacédémoniens (harmostes) , remplace les régimes démocratiques par des oligarchies et lève un tribut annuel de 1000 talents  . Les régimes oligarchiques mis en place sont constitués par un petit groupe d’une dizaine de personnes (dicarchies) favorables à Sparte. Ces dicarchies finiront par se rendre très rapidement insupportables aux citoyens. Dès 403, Sparte cesse de les soutenir.

L’expédition d’Asie

A l’issue de la guerre du Péloponnèse, Sparte aurait dû rembourser au Grand Roi les sommes versées pour soutenir son effort de guerre contre Athènes, en échange Sparte reconnaissait la suzeraineté des Perses sur les cités ioniennes. Dans les faits, Sparte oublie toutes ses promesses et mène une politique anti-perse en Asie. Sparte aide d’abord Cyrus le Jeune dans sa rébellion contre Artaxerxès. L’épisode se termine par la retraite des Dix-Mille.

Les cités ioniennes appelèrent Sparte au secours face à la reprise en mains perse en Asie Mineure. Après leur avoir envoyé deux généraux, Thibron puis Derkyllas, sans succès, au début 396, Sparte se lance dans une expédition en Asie menée par le roi Agésilas lui-même. Les Lacédémoniens se présentent comme les défenseurs des cités ioniennes contre l’oppression perse dirigée par le satrape Tisaphrénès. L’objectif est d’obtenir une paix de statu quo reconnaissant l’indépendance des cités grecques. Agésilas écrase les Perses près de Sardes, pille les satrapies et amasse un immense butin.

Guerre de Corinthe (394-386)

Sur le continent, l’hégémonie spartiate entraîne le mécontentement des cités grecques encouragé par les Perses qui leur versent de l’argent pour punir Sparte de sa « trahison ». Une coalition grecque menée par Thèbes se forme regroupant Corinthe, Argos et Athènes. La guerre de Corinthe est déclenchée en 395. Les Thébains défont une première fois les Spartiates à Haliarte (395) dans un combat où Lysandre est tué. Face au risque d’invasion du Péloponnèse, les éphores rappellent Agésilas d’Asie. Avant même son arrivée, la coalition est défaite à Némée puis à Coronée (394) mais la flotte lacédémonienne est défaite à Cnide par la flotte perse dirigée par Coinon, stratège   athénien jadis vaincu à Aigos Potamos. A l’issue de la guerre, la Mer Egée est de nouveau contrôlée par les ennemis de Sparte qui perd aussi son emprise sur les cités ioniennes. A contrario, Athènes, récompensée par l’or perse, peut entreprendre la reconstruction des Longs Murs et celle de sa flotte.

Cette situation défavorable pour Sparte aboutit à la paix d’Antalcidas négociée dès 392 mais qui ne sera signée qu’en 387/386. Inquiet de la renaissance athénienne, Artaxerxès renverse une nouvelle fois son alliance. Cette paix du Grand Roi confirme la suzeraineté des Perses sur les cités d’Ionie et affirme l’indépendance (autonomia) des autres cités grecques qui doivent aussi renoncer à toute coalition en dehors de la ligue du Péloponnèse. Les cités qui acceptent cet accord doivent prêter serment lors d’une assemblée à Sparte, ce qui traduit le maintien de la prééminence de Sparte par rapport aux autres cités.

Guerre contre Thèbes

A l’occasion d’une expédition contre Olynthe   en Chalcidique  , le général spartiate Phoibidas détourne son armée pour aller punir Thèbes qui a refusé de lui fournir un contingent et s’emparer de la cité où il laisse une garnison. Ce coup de force contre Thèbes constitue une violation flagrante de la paix d’Antalcidas et une violation de serment assimilée à un sacrilège. Mais dès 379/378, les démocrates thébains parviennent à renverser le régime oligarchique mis en place et à chasser la garnison spartiate. Athènes envoie alors des ambassadeurs dans les autres cités pour leur demander de « soutenir la cause de la liberté commune » [1]. En 378/377, Athènes constitue la seconde confédération athénienne visant à obliger Sparte à respecter la paix d’Antalcidas.

Sparte se retrouve désormais face à deux adversaires qui contestent son hégémonie : Athènes et Thèbes. De 379 à 375, Thèbes réplique aux invasions spartiates sur son territoire par une stratégie de guérilla. En 375, bien qu’en infériorité numérique, les Thébains battent deux bataillons spartiates à Tegyres. En 371, une nouvelle paix est signée qui reconnaît sur terre l’hégémonie de Sparte et sur mer celle d’Athènes. Seule, Thèbes refuse de se rallier à cette paix. L’assemblée de Sparte ordonne en conséquence au roi Cléombrote d’envahir la Béotie.

Les Thébains et les Spartiates s’affrontent dans la plaine de Leuctres en 371. La bataille commence par un combat de cavalerie où les Thébains ont le dessus. Epaminondas, stratège des Thébains, introduit une nouvelle tactique : il range ses meilleures troupes à l’aile gauche (placée normalement à l’aile droite) de la phalange   thébaine sur une profondeur de 80 hommes (contre 12 traditionnellement). Cette phalange se comporte comme l’éperon d’un navire et vient enfoncer les lignes spartiates sur son aile droite. Les Lacédémoniens perdent 1000 hommes et 400 des 700 hoplites spartiates engagés sont tués soit le tiers des citoyens de Sparte en âge de combattre ! Après cette défaite, la puissante de Sparte fut définitivement anéantie.



[1Diodore, Bibliothèque Historique, XV, 28, 2.

 




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  Dernière mise à jour : 24 mars 2009
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