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Le citoyen spartiate

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Le statut de citoyen spartiate ne peut être accordé qu’à trois conditions : avoir reçu l’agôgè, posséder un kléros permettant de payer son écot aux syssities.

L’éducation spartiate

L’agôgè

Selon Plutarque [1], les nouveau-nés de Sparte jugés trop faibles ou imparfaits pour être utiles à l’État étaient destinés à la mort par exposition sur le Mont Taygète. Les garçons à qui l’on permettait de vivre étaient séparés de leurs parents à l’âge de sept ans et regroupés en équipes (agélai - le terme désignant aussi les troupeaux d’animaux). On les habituait à vivre en commun et on les soumettait à un entraînement (agôgè) visant à acquérir discipline, sens de l’obéissance et combativité, c’est à dire à en faire des citoyens spartiates. Celui des Spartiates qui ne supportait pas l’agôgè n’avait pas accès aux droits civiques, a contrario, un Inférieur en participant à l’agôgè pouvait accéder à la liberté voire à la citoyenneté.

Il s’agit d’un système d’éducation obligatoire organisé collectivement par la cité. Le système éducatif était composé d’une série de classes d’âge où la discipline augmentait en sévérité. L’obéissance était inculquée au moyen de récompenses et de punitions. Chaque groupe était commandé par un jeune (le pedonome) choisi dans la tranche d’âge supérieure. L’enseignement devait être assuré par de maîtres, mais curieusement aucun texte antique ne les mentionne peut-être parce qu’ils étaient de condition inférieure, à défaut les jeunes spartiates auraient été analphabètes ! A douze ans, afin de les endurcir, les enfants marchaient pieds nus et n’avaient qu’un seul vêtement pour l’année. Dans le sanctuaire voisin d’Artémis Orthia, les jeunes Spartiates subissaient des tests d’endurance et la flagellation.

L’irénat

Durant leur initiation, ils vivaient à la campagne et couchaient en commun dans des pièces non chauffées. Ils étaient aussi encouragés à voler pour trouver leur nourriture, à condition de ne pas se faire prendre ! A seize ans, ils commandaient un groupe de jeunes garçons. De 16 ans à 20 ans, ils prennent le nom d’irènes. De 20 à 30 ans, les jeunes gens continuent à habiter en commun et à prendre leurs repas en commun (syssitie) même s’ils sont mariés.

La kryptie

Cette épreuve typiquement spartiate est assez méconnue. Il semble que seuls les meilleurs des irènes étaient concernés par cette épreuve. Les kryptes étaient envoyés en plein hiver dans les régions les plus reculées du territoire, sans provisions et munis d’un simple poignard, avec comme consignes de ne pas se laisser voir, de se nourrir de larcins et de se livrer de nuit à la chasse aux hilotes auxquels les éphores avaient préalablement déclaré la guerre. Devenus hommes, ceux qui avaient subi la kryptie rejoignaient peut-être les rangs des gardes du corps des rois et de la police secrète chargée d’assassiner les hilotes désignés comme dangereux, en tout cas, « ceux qui s’étaient laissé voir, où que ce fût, étaient châtiés [2]. »

Vie civique

On ne peut être citoyen de Sparte que si l’on possède un certain revenu foncier issu du kléros. Le Spartiate est obligatoirement un citadin qui en dehors de son activité civique et militaire a pour seule distraction la chasse, car elle représente une préparation à la guerre. A 30 ans, les irènes deviennent citoyens et appartiennent à l’<I>assemblée</I>, ils peuvent exercer leurs droits politiques. Le costume est alors le même pour tous : une espèce de chemise de laine non teintée, un manteau sans agrafes ni ceinture ; les citoyens portent tous le barbe.

Le manquement à l’une des innombrables prescriptions qui enserrent la vie spartiate entraîne l’atimie  . Nombreux sont ceux qui nés citoyens se voient déchus de leurs droits civiques. Avec le temps, le nombre de citoyens ne fera que diminuer.

Les syssities

On appelle ainsi les repas pris collectivement (dix à quinze citoyens) par les hommes. Il ne s’agit pas d’une tradition exclusivement spartiate, car cette pratique existait aussi à Thèbes, à Milet et à Thourioi, mais à Sparte, elle constitue l’une des obligations de la vie citoyenne, le syssition étant la cellule de base de la société spartiate. Les auteurs anciens ne nous en donne pas une description très précise. Selon Hérodote, ces repas étaient fréquents et ils avaient lieu à des périodes déterminées , selon Plutarque, ils étaient presque quotidiens et obligatoires. Par ailleurs, Xénophon, Plutarque et Athénée évoquent formellement des repas privés à Sparte, ce qui paraît contredire Plutarque. Chaque participant devait y apporter à chaque fois 1 médimne de farine, 8 congés de vin, 5 mines de fromage, des figues et de l’argent pour acheter de la viande ; l’ensemble représentant une quantité de nourriture assez considérable plaide plutôt pour un banquet assez exceptionnel destiné à marquer une occasion particulière plus qu’un repas ordinaire et quotidien. L’incorporation d’un jeune homme à un syssition intervenait après un vote unanime des anciens, à défaut il devenait un Inférieur.

Les femmes et le mariage

Les femmes de Sparte, quant à elles, jouissaient d’une liberté bien plus grande que celles d’autres cités, ce qui choquait Aristote : elles pouvaient hériter et posséder des biens ; elles étaient ainsi les seules de toute la Grèce à avoir leurs propres jeux athlétiques, auxquels elles participaient nues, à l’égal des hommes, afin de leur ôter toutes faiblesses. Mais, en fin de compte, une Spartiate était jugée à ses enfants.

Le mariage était obligatoire et une peine était infligée aux célibataires.  [3].Le divorce était permis. Le Spartiate n’était estimé de ses concitoyens que s’il avait des enfants. Mais le régime de la propriété conduisait le père à se contenter d’un fils unique. Le Spartiate devait non seulement se marier mais aussi prendre une femme capable d’avoir des enfants vigoureux. Pour la nuit de noces, les cheveux de la mariée étaient coupés ras, et elle passait des vêtements d’homme de façon à apparaître aussi « masculine » que possible ; le mariage consommé, le mari retournait à la caserne.



[1Plutarque, Vie de Lycurgue.

[2Platon, Lois, 633b.

[3Plutarque, Vie de Lycurgue, 15-16.

 




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  Dernière mise à jour : 28 septembre 2014
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