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La cité est un État territorial pourvu d’un centre urbain entouré de terres agricoles. Le territoire de la cité est sacré et protégé par le(s) dieu(x) tutélaire(s) de la cité. Envahir le territoire d’une cité est un acte sacrilège, un acte de guerre.
La cité-État (polis) est tellement caractéristique de la civilisation grecque qu’on a tendance à affirmer qu’il s’est agi d’une création spontanée du peuple grec. Mais la vérité est peut-être plus complexe. Les cités de Phénicie partageaient avec la polis sous sa forme achevée plusieurs importantes caractéristiques : elles jouissaient d’une indépendance réciproque ; chacune d’elles était gouvernée par sa propre monarchie assistée d’une assemblée politique ; elles possédaient un petit territoire qui leur appartenait sans condition ; la population dans chacun de ces petits centres était unie par une dévotion commune aux mêmes cultes religieux. [1]
Les frontières, quand elles ne sont pas fixées par le cours des rivières, restent vagues et imprécises dans les confins montagneux. Pour fonder une cité, il faut un ktistès (fondateur), un architekton (urbaniste-architecte-entrepreneur) et un evergétès (bienfaiteur). Le premier choisit et consacre le site, le second construit la ville, le troisième procure les finances nécessaires à l’exécution du projet. La plus grande des poleis, Athènes, était en réalité un très petit État (2 600 Km² environ).
Les Grecs distinguaient deux types d’habitat : le village (kômè, plur. kômai) et la ville (polis, plur. poleis). La polis est un habitat groupé sur un site souvent défensif, pouvant servir de lieu de refuge en cas d’agression, en retrait de la côte pour échapper aux pirates. A l’origine, la cité est une citadelle, comme l’Acropole d’Athènes, puis la ville se développe au pied de l’acropole, ce que l’on appelait asty. La cité grecque est donc urbaine : une ville et sa banlieue. Mais, comme la citadelle ou ses abords immédiats deviennent le centre religieux et politique, le mot prend peu à peu le sens de "ville". La croissance de la cité par agglomération de bourgades s’arrête aussitôt que le territoire offre à ses habitants tout ce qui est nécessaire à leur existence. La cité doit être enfermée dans de justes limites : trop petite, elle ne peut se suffire à elle-même ; trop grande, elle ne peut plus être bien gouvernée. La population rurale (agroikoi) constituait la majeure partie du corps des citoyens. L’ensemble de la terre et des gens qui la possède forme le dèmos, terme qui signifie à la fois le pays et le peuple. Celui-ci se rassemble sur l’élément caractéristique de la cité grecque, l’agora .
Le nombre de citoyens doit être assez restreint pour que chacun soit sous la surveillance de tous et qu’aucun étranger ne puisse se glisser dans les rangs des citoyens. Le chiffre de 10 000 citoyens semble être le chiffre idéal. A son apogée, en 431, Athènes atteignit (esclaves inclus) entre 250 000 et 275 000 habitants). Corinthe a peut-être atteint 90 000 habitants. Selon Aristote, « Un État composé d’habitants trop nombreux ne saurait être une vraie polis, parce qu’il peut difficilement avoir une vraie constitution. Qui peut être le général d’une masse si excessivement grande ? Une polis regroupant une population excessive devient semblable à un ethnos » [2]. Pour les théoriciens de l’antiquité, la limitation de la cité est une condition essentielle du bon gouvernement. Le gouvernement direct n’apparaît donc comme possible qu’avec un nombre limité de citoyens. La boulê athénienne ou la géroussia spartiate ne sont que des commissions exécutives émanées du peuple.
La polis n’est pas qu’un lieu, bien qu’elle occupât un territoire défini ; c’étaient des gens agissant de concert et ils devaient donc être capables de s’assembler pour traiter des problèmes les concernant. Aristote dans la Politique définit l’homme grec comme un « animal politique » (zôon politikon). La polis est « une communauté de citoyens entièrement indépendante, souveraine sur les citoyens qui la composent, cimentée par des cultes et régie par des lois » [3], ce que l’on traduit usuellement de manière contemporaine par l’expression « cité-État ».
L’origine de ces États-cités peut être une cité qui prend de l’essor ou une association (synécisme) de villages qui se choisissent une ville comme capitale. C’est ainsi qu’Athènes fut fondée par synécisme de l’ethnos des Attiques (Attikoi) et devint la première cité grecque péninsulaire. Une cité se définit moins par le territoire sur lequel elle s’étend que par les hommes qui la composent. On ne dit pas « Athènes », mais « les Athéniens » ou « le peuple » ou encore « la cité des Athéniens ». Les Athéniens pouvaient concéder le droit de cité à un métèque et ils pouvaient aussi retirer ce droit à l’un des leurs (atimie ). La cité est une communauté de citoyens entièrement indépendante et souveraine : elle n’admet aucun lien de subordination, ainsi les Grecs rejetteront-ils aussi bien l’impérialisme perse lors des Guerres Médiques que l’impérialisme athénien, lacédémonien ou thèbain. Toute ligue de cités est temporaire.
La cité est aussi souveraine sur ses citoyens. C’est une société où la liberté de pensée et d’expression peut être nulle, notamment en ce qui concerne les dieux ; c’est parfois une société totalitaire, comme à Sparte. Les lois (nomoï) régissent la vie du citoyen de sa naissance à sa mort. Tout citoyen athénien peut-être frappé d’ostracisme sans que l’on ait aucun délit à lui reprocher.
De l’exercice du pouvoir par chaque citoyen est née une morale politique, sous forme d’un ensemble de normes à respecter. Le mot « politique » (politikon) signifiant à la fois une communauté de citoyens et une constitution, ce qui fait de la Cité grecque tout le contraire d’un État, au sens où nous l’entendons, car chacun se voyait confier les rênes du pouvoir. Pour les Grecs, il n’est pas d’autre mode de gouvernement que le gouvernement direct, c’est à dire celui où tous les citoyens peuvent prendre part personnellement aux affaires publiques. Cette participation est autant un droit qu’un devoir. Thucydide fait dire à Périclès : Chez nous, un homme qui ne fait pas de politique ne passe pas pour un homme paisible, mais pour un mauvais citoyen.
[1] Anthony Snodgrass, La Grèce Archaïque.
[2] Aristote, Politique, VII, 1326b4.
[3] A. Aymard, Recueils de la société Jean Bodin, 6,1 - Bruxelles 1954.
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Dernière mise à jour : 9 juin 2007 2005-2024 © Clio la Muse |