Roi du Pont (132-63 av. J.-C.) qui étendit sa domination sur les populations scythes de la Crimée. Sa vie fut une succession de coups de théâtre, une véritable épopée tragique, quasiment surhumaine.
II avait onze ans à la mort de son père. Le jeune Mithridate jugea préférable de s’éloigner de cette mère qui n’était peut-être pas étrangère à la mort de son époux. Il gagna la montagne où il vécut de chasse. Endurci au froid, à la faim, à la soif et vivant à la dure, Mithridate se prémunit également contre le poison : il en absorba par petites doses jusqu’au jour où son organisme fut immunisé.
Après sept ans d’exil, Mithridate revint à Sinope ; sa mère et son frère étant morts, il monta sur le trône et épousa sa sœur Laodiké. Il s’entoura de conseillers grecs et réorganisa l’armée sur le modèle grec. Deux ans plus tard, Mithridate avait soumis les villes grecques du littoral, les peuples de l’Anatolie, les Arméniens, les Tauriens et les certaines tribus scythes (Scythes laboureurs). Il entreprit une alliance avec le roi scythe Skiluros en lui donnant ses deux filles en mariage, mais elles furent capturées par les Romains.
Mithridate parcourut les provinces romaines incognito, étudiant la topographie, les villes, les fortifications et, surtout, il s’enquit des sentiments des populations vassales. Rentré dans sa capitale où on l’avait cru mort, il se lança dans les préparatifs de guerre. Sur l’ordre de Mithridate, soixante-quinze forteresses furent construites dans la Petite Arménie où l’on exploitait des mines d’argent. Il alignait une armée de 250.000 fantassins, 50.000 cavaliers et des escadrons de chars armés de faux qui étaient très supérieurs à ceux des Romains.
Mithridate s’allia avec Tigrane, roi d’Arménie, auquel il donna sa fille Cléopâtre en mariage. En Égypte et en Syrie, Mithridate se procura des navires et des pilotes et il enrôla dans son armée des Sarmates, peuple qu’il avait vaincu quelques années plus tôt. En 89 av. J.-C., le roi du Pont déclara la guerre à Rome.
Au début, avec l’aide de Nicomède, roi de Bithynie, Mithridate conquit plusieurs régions de l’Asie Mineure. Dans sa très grande majorité, la population l’avait accueilli en libérateur mais beaucoup de Romains fixés dans les provinces conquises lui opposèrent une résistance opiniâtre. Mithridate appela au soulèvement contre Rome : en un seul jour, 80.000 citoyens romains périrent, principalement à Ephèse. L’année suivante, Mithridate partit à la conquête des îles de l’Egéide. Il laissa 20.000 morts derrière lui dans la seule île de Délos ! Puis, Mithridate s’attaqua à la Macédoine. Tous les ennemis des Romains le considéraient comme un sauveur. Avec les premières défaites l’hostilité crût, Mithridate devint méfiant, la répression s’amplifia.
En 84 av. J.-C., après cinq ans de luttes sanglantes, Mithridate se retrouve à son point de départ ; la paix dictée par les Romains lui laisse ses États héréditaires. Mais l’homme est aigri et, lorsque la Colchide offre la couronne à son fils, Mithridate le fait assassiner.
Lorsque la guerre reprend après une trêve de dix ans, Mithridate a pour lui l’avantage du nombre. Le roi s’est allié aux pirates qui gênent considérablement les mouvements des navires romains. A Rome même, il a noué des relations avec une des factions engagée dans la guerre civile. Mais en 71, son armée est battue et lui-même échappe de justesse aux cavaliers Galates lancés à sa poursuite. Réfugié dans une forteresse des montagnes de l’Arménie, le roi est témoin de la ruine de son royaume : les commandants des places fortes se rendent sans combattre, les villes du littoral sont livrées au pillage. Macharès son propre fils, souverain du royaume de Bosphore, en Crimée, aide les Romains en leur fournissant du blé.
Pendant vingt mois, Mithridate se terre, puis, en mars 69, à la tête de dix mille cavaliers arméniens, il entreprend de reconquérir son royaume. Les Romains sont pris au dépourvu. Il conduit lui-même les assauts : par deux fois, il est grièvement blessé. Tigrane, se fait battre par les Romains, mais Mithridate reconstitue le royaume du Pont.
En 66, fuyant devant l’avance des armées d’un nouveau général romain, Cnéius Pompée, Mithridate s’embarque pour la Crimée. Mithridate gagne à sa cause plusieurs chefs scythes. Tandis que la flotte romaine bloque les ports de la Crimée, il projette de gagner le Danube, de traverser la péninsule balkanique, puis les Alpes, d’envahir l’Italie et de soulever contre Rome les peuples italiotes et même les esclaves. Mais ses sujets, révoltés par les efforts exigés, couronnent son fils Pharnace. Mithridate tente de s’empoisonner, mais le poison reste sans effet sur son organisme. Un guerrier celte dut le poignarder. Il fut inhumé à Sinope, sa ville natale.
Accueil | Plan
| Crédits
| Frise chronologique
|
  |
Dernière mise à jour : 2 mars 2009 2005-2024 © Clio la Muse |